l'Évêque

Paroles de l'Évêque

Obsèques de Mgr Guy Herbulot

Obsèques de Mgr Guy Herbulot

Homélie de Mgr Michel Pansard
lors de la célébration des funérailles
de Monseigneur Guy Herbulot
en la Cathédrale de la Résurrection le 6 août 2021

Frères et sœurs bien-aimés de Dieu,
Le 22 juillet lors de ma dernière rencontre avec mon frère Guy, alors qu’il vivait ses derniers jours avec « le courage de l’avenir », espérant rapidement le grand passage, j’ai eu l’occasion en présence d’Olivier Morand de lui dire que depuis 4 ans j’entendais bien des personnes évoquer son ministère épiscopal en Essonne. Aussi en mon nom personnel et aussi au nom dubdiocèse, j’ai tenu à lui dire au revoir en lui disant tout simplement : merci. Merci Guy pour tout
ce que tu as apporté et donné au peuple de Dieu qui est en Essonne. Sa réponse a tenu en quelques mots : « Michel, j’ai été un évêque heureux ! »

J’ai été un évêque heureux !
Quel est donc ce bonheur qu’il évoquait ? Non pas un bonheur tranquille, sans vagues, sans turbulences ou vents contraires, non pas sans soucis et sans combats !
Il a été un évêque heureux à la manière du bonheur paradoxal qu’évoquent les béatitudes. Ces béatitudes expriment le fait que ceux qui vivent de l’appel du Seigneur et lui sont fidèles, atteignent, dans le don d’eux-mêmes et le service de leurs frères et sœurs, le vrai bonheur, le bonheur d’aimer. L’évangile à l’endroit est souvent le monde à l’envers !
Les béatitudes sont à contrecourant de ce qui est habituel dans la société et nous entrainent vers un autre style de vie avec la force du dynamisme même de Dieu, l’Esprit-Saint qui nous libère de la faiblesse de l’égoïsme, du confort, de l’orgueil.
Nous pouvons comme Guy, relire fréquemment les béatitudes avec l’évangile du jugement dernier (Mt 25), se rappeler ces textes, les prier, essayer de les pratiquer dans nos vies.
Ces paroles peuvent rejoindre notre désir le plus profond. Ces paroles quand elles prennent chair jour après jour dans nos vies en devenant gestes, engagements, signes… nous font du bien, nous rendent vraiment heureux. Elles transfigurent nos vies. Elles nous rappellent avec force que toute « rencontre fait du prochain le porteur de l’appel
de Dieu à mon égard, le sacrement de la parole de Dieu qui m’est adressée. Ce sacrement se distribue dans la vie de tous les jours, non dans l’enceinte de l’église…Là où se décide si j’ai réellement entendu la Parole de Dieu. »
(Hans Urs von Balthazar, Dieu et l’homme d’aujourd’hui, 1958 page 297 et le titre du chapitre est Le sacrement du frère.)

Lors du grand rassemblement de Longpont, le 5 juin 1983 Guy interrogeait notre église :« Église de Dieu qui est en Essonne acceptes-tu de vivre les béatitudes ? »

Guy est aussi un homme d’espérance
La lettre aux Romains nous a rappelé non seulement que l’espérance ne déçoit pas, mais aussi que cette espérance est le fruit d’une persévérance éprouvée.

  • Persévérance éprouvée, car habiter inlassablement la réalité de notre monde mouvant réclame de renoncer à nous installer dans une sécurité fermée à toute mutation ;
  • Persévérance malgré ou plutôt qui traverse les découragements, les doutes, les obscurités, les hésitations pour chemin faisant, continuer à faire le choix de la confiance et l’habiter en résistant à la tentation du soupçon ;
  • Persévérance pour garder la continuité et la cohérence nécessaire et « oser chaque jour un pas en avant ».

Oui persévérer demande du courage, le courage de l’avenir, le courage de ceux qui espèrent et acceptent comme Abraham le risque d’un chemin dont l’aboutissement n’est pas donné, mais seulement promis.
L’appel à l’Espérance, cette espérance qui entraîne tout car elle aime et voit ce qui sera, est très présent dans les paroles de Guy. Rappelez-vous ses paroles lors du grand rassemblement de Longpont : « nos communautés présentent-elles un visage d’hommes et de femmes sauvés et qui vivent de l’espérance » ? Nos communautés accueillent-elles le don de la grâce et du pardon du ressuscité ? Nos communautés rejoignent-elles l’homme d’aujourd’hui dans sa recherche et ses luttes, pour, avec lui, lui en dévoiler le sens ultime ? nos communautés sont elles le courage des prophètes ?

L’espérance que Guy a vécue et à laquelle il appelle, est enracinée dans cette longue histoire de persévérance des prophètes qu’évoque le livre des écritures. Ces prophètes qui résistent et protestent au cœur de situations mortifères pour le peuple ou pour eux-mêmes.
Ils reconnaissent les dures réalités que vivent les hommes, mais ils proclament à temps et à contre temps que les faits n’épuisent pas la réalité parce que, serviteurs de la Promesse de Dieu, ils sont « pleinement convaincu que ce qu’Il a promis, Il est capable aussi de le faire ». (Rm 4, 21).

Guy, Homme de la fraternité
Ce bonheur et cette espérance s’enracinaient chez Guy dans l’expérience de la fraternité. Cette fraternité ne peut se vivre en solitaire, elle ne peut être que relations.
Parce qu’aucun d’entre nous ne sait tout, cette fraternité non seulement accepte mais veut résolument prendre conseil, se faire accompagner, coopérer, dialoguer, débattre, chercher, cheminer et construire ensemble…

Depuis dimanche de nombreux messages témoignent de cette fraternité vécue par Guy avec ceux qui sont devenus ses frères et ses sœurs. Ses frères et sœurs dans la foi : prêtres, diacres, religieux, religieuses, fidèles laïcs du Christ, ses frères et sœurs dominicains, ses frères et sœurs d’autres traditions religieuses, ses frères et sœurs engagés dans la cité, dans les associations, avec et pour les petits et les pauvres…
Dans cette vie orientée par la fraternité, dans cette fraternité qu’il vivait aussi avec Jésus le Christ, le Seigneur de sa vie, Guy a puisé, entretenu et vécu l’espérance et le courage de l’avenir qui l’ont rendu heureux.
« On ne peut découvrir un itinéraire motivé par la foi qu’à travers les relations les plus larges et les plus proches. D’où, pour moi, la nécessité de regarder comment s’exprime la vie pour être capable, progressivement, d’avancer avec tout être humain, dans les situations les plus variées. Un des chemins de la fraternité est le partage avec d’autres communautés chrétiennes et d’autres religions. » écrivait Guy dans son dernier ouvrage.

Pour Guy, la course est terminée. Puisse-t-il goûter pleinement à ce qu’il a annoncé comme l’apôtre Paul dans la lettre aux Philippiens : « Nous sommes citoyens des cieux, c’est à ce titre que nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus-Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux », (3, 20-21)
« Ainsi, mes frères bien-aimés que je désire tant revoir, vous ma joie et ma récompense, tenez bon dans le Seigneur, mes bien-aimés ». (4, 1)

Amen

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