Votre Diocèse

Actualités

« C’est ton visage que je cherche »
Témoignage

« C’est ton visage que je cherche »

Frère Benoît Dubigeon, franciscain, prêtre dans notre diocèse et aumônier à la Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, publie un livre-témoignage : « C’est ton visage que je cherche »
Il préside la Fondation François d’Assise pour soutenir des micro-réalisations dans des pays pauvres. Il est également prédicateur au Jour du Seigneur sur France 2.

Aumônier de prison depuis dix ans, frère Benoît va à la rencontre des personnes détenues. Dans ce compagnonnage, il découvre dans sa vérité nue la puissance de l’humilité, de la faiblesse et de la paix intérieure face à la férocité humaine. Dans chaque personne rencontrée, il quête le visage de Dieu.


De cette expérience, et au rythme de l’année liturgique, il nous livre une méditation d’inspiration franciscaine où le Christ visite notre prison intérieure. Il y rejoint nos profondeurs pour nous libérer du mal qui nous enchaîne. Comme le chercheur d’or, il nous apprend la patience, la confiance et la découverte du seul bien précieux : la face lumineuse de Dieu et de chacun de nous.

Il écrit :  » Le monde n’est pas partagé entre les bons et les mauvais. En moi vit cette double face du meilleur et du pire, ce pire qui peut me valoir d’aller un jour en prison, ce saint qui me fait être bon envers les méchants. Je n’en finirai jamais de découvrir qu’un autre que moi me révèle qui je suis. »

« Pourquoi saint François ? Pour chercher cette belle articulation à vivre la vie contemplative, la vie avec d’autres tout en me consacrant aux autres, à cause de Dieu, surtout vers les plus déshérités. C’est en se donnant qu’on reçoit !” »

Préface de Mgr Michel Pansard

Frère Benoît Dubigeon proposera son livre le mardi 4 avril 2023 à la cathédrale d’Evry, avant la messe chrismale, de 19h30 à 20h15, et après la messe, de 22h30. Avec une séance de signatures.

Entretien avec le frère Benoît Dubigeon

Pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Ingénieur à l’École centrale de Nantes, j’apprends à construire des ponts. Je désire me marier, mais je suis appelé à partir en coopération au Nord-Togo afin de travailler dans des villages. La rencontre des plus pauvres et une hépatite virale bouleversent ma vie. En convalescence chez des moines, je découvre la prière des Psaumes, la contemplation. Je désire alors devenir moine bénédictin.


Pourquoi avoir suivi la voie franciscaine ?
Une fois rentré en France, je travaille comme ingénieur et je découvre la vie de saint François. Comme je désire vivre une vie en couleurs, dans la joie, la prière, la vie fraternelle et le don de moi-même aux autres, à cause de Dieu, je deviens franciscain. Je choisis de vivre l’Évangile à la manière de saint François pour rechercher une grande unité entre la tête – par une juste articulation entre la foi et la raison –, le cœur – par un chemin de contemplation et d’ajustement dans la relation aux autres – et les mains – en agissant pour la solidarité entre tous, spécialement aux périphéries. Patron de l’écologie, saint François me montre un chemin de respect de dame nature, des échanges économiques plus solidaires entre les hommes, et le respect de chaque personne dans toutes ses dimensions. Ma passion : bâtir des ponts entre des mondes qui s’ignorent, chercher en toute personne sa face lumineuse.


Comment en êtes-vous arrivé à devenir aumônier de prison à la maison d’arrêt de Fleury-
Mérogis ?
Après de nouvelles études, je travaille dans le social. Un jour, un jeune de la cité des Bosquets (93) me braque 45 minutes avec un gros calibre. Son frère vient de mourir d’une overdose. Enragé, il en veut à toute la société. Ma paix intérieure fait que je suis toujours vivant. Je deviens alors prof de maths, en lycée professionnel, 17 ans durant. Puis, je suis élu provincial des Franciscains et je me consacre entièrement à mes frères. À la fin de mon mandat, en 2013, je deviens aumônier d’un centre spirituel franciscain en Île-de-France. Mais également aumônier de prison. En effet, après mon ordination, en 1989, il m’est demandé de venir célébrer en prison le jour de Noël. Quand est proclamé l’Évangile, un homme – il avait tué – se met à pleurer de tout son être : Dieu, fait petit bébé, vient aimer en lui ce qui n’est pas aimable, l’accueillir lui qui est rejeté. Cela le bouleverse. Vingt-quatre années plus tard, le temps d’expérimenter la grâce de me savoir pardonné par Dieu de mes mérites ou de mes péchés, une fois libéré de mon service de provincial, je suis appelé, le jeudi saint 2013 – incroyable pour un prêtre ! – à devenir, aumônier à la prison de Fleury-Mérogis, la plus grande prison d’Europe. C’est ce que je continue d’être depuis dix ans. Je suis aussi prêtre au service du diocèse de l’Essonne dans le secteur paroissial où se trouve cette immense prison.


Comment arrive-t-on à avoir de la sympathie pour des personnes qui ont commis des crimes ?
« Les pauvres sont nos maîtres » : ce sont des personnes privées de tout, comme Job sur son tas de fumier, qui m’apprennent à être libre. Privées d’amour, elles m’apprennent à aimer. Compagnons d’une même humanité, elles me font marcher sur un chemin de sainteté.


Comment parler de liberté intérieure dans un tel cadre selon vous ?
Dans les cellules, j’expérimente la Visitation : porteur du meilleur de ma vie, j’offre alors à l’autre un espace où il peut être porteur du meilleur de lui-même. De telles rencontres jaillit un « tressaillement », comme Jean a tressailli en Élisabeth à la salutation de Marie. Comme chrétien et franciscain, je cherche les traces de Dieu dans toute la création, particulièrement dans ces hommes si blessés et si défigurés par ce qu’ils ont commis, mais aussi par ce dont ils ont été les victimes. En quoi cet apostolat répond à votre vocation franciscaine ? Je deviens tel un « orpailleur de Dieu », cherchant la face lumineuse de mes frères détenus, qu’ils ne connaissent peut-être même pas, tant leur histoire est compliquée et douloureuse. Même ce qu’ils ont commis ne peut détruire leur vrai visage radieux. J’apprends à avoir sur l’autre un regard non plus critique mais christique ! Je vais à l’essentiel. C’est une expérience jubilatoire qui rejoint la joie parfaite expérimentée par saint François.

Actualités du Diocèse

La Newsletter