Fêtée habituellement le 8 septembre, la Saint-Corbinien (l’un des saints patrons de notre diocèse) a donné lieu à quelques festivités lors du week-end des 9 et 10 septembre 2023. Des centaines de personnes ont participé à une marche-pèlerinage et aux différentes célébrations qui ont eu lieu samedi soir à l’église de Saint-Germain-lès-Arpajon, et à la cathédrale de la Résurrection, dimanche à Evry.
Né entre 675 et 680 à Châtres (l’actuel Arpajon), où il créa un petit monastère, Corbinien vécut des années en ermite. Très vite, sa réputation grandissant, son prieuré va devenir un important lieu de pèlerinage. En 716, il part à Rome pour rencontrer le pape et lui demander de reconnaître son œuvre. Ordonné évêque par Grégoire II, il repart en mission en Gaule. Devenu encore plus célèbre, il se retire à nouveau, durant sept ans, dans son ermitage de Saint-Germain. Il retourne ensuite à Rome pour demander au pape d’être relevé de sa charge. Celui-ci lui demande malgré tout de poursuivre son œuvre d’évangélisation.
Au cours d’un de ses voyages missionnaires, pendant la traversée de la Bavière (dans l’Allemagne actuelle), la légende raconte qu’il fut attaqué par un ours qui dévora son âne. Après avoir prié, Corbinien ordonna à l’animal de lui servir de monture. C’est pourquoi l’homme est souvent représenté accompagné d’un ours. Le pape Benoît 16, dont les armoiries comprenaient une représentation de cet ours, s’est lui-même comparé à cet animal transformé par le saint en bête de somme : « L’ours n’est-il pas l’image de ce que je dois faire et de ce que je suis ? Je suis devenu ton mulet chargé de ton joug, et c’est ainsi que je suis tout près de toi pour toujours » (extrait du livre « Ma vie, souvenirs »).
Retenu par le duc Grimoald de Bavière, Corbinien s’installe à Freising où il évangélise la population et fait bâtir une cathédrale. Il prend la place d’évêque vers 723 et la ville devient le centre de la vie chrétienne bavaroise. Mort le 8 septembre 730 à l’abbaye de Weihenstephan, celui qui restera le fondateur du diocèse de Munich-Freising est aujourd’hui vénéré comme l’un des grands missionnaires qui ont construit l’Europe chrétienne. La châsse de ses reliques est conservée dans la crypte de la cathédrale de Freising. Il est le saint patron de l’archidiocèse de Munich-Freising et celui de la cathédrale d’Evry, qui accueille aussi une partie de ses reliques.
Accompagné du père Wolfgang Huber, représentant du diocèse de Munich-Freising, Mgr Michel Pansard a présidé une première célébration eucharistique samedi soir en l’église Saint-Germain, à Saint-Germain-lès-Arpajon, en présence d’une assemblée nombreuse et fervente, puis une autre, dimanche matin, en la cathédrale d’Evry.
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Voici le texte de l’homélie prononcée à cette occasion par le père Wolfgang Huber :
Chers sœurs et frères,
C’est un grand plaisir pour moi d’être ici et de célébrer cette eucharistie avec vous. Je viens
d’Allemagne et plus précisément de la région bavaroise. Pour moi, c’est toujours un bel
événement de rencontrer autant de personnes d’horizons différents dans la cathédrale d’Évry,
au milieu d’une ville moderne. Alors que nous nous réunissons ici aujourd’hui, chacun d’entre
nous fait partie de la communauté mondiale de foi. En tant que témoins actifs de la foi en
notre Seigneur Jésus-Christ, nous avons le droit de contribuer à façonner cette communauté,
la société dans laquelle nous vivons et l’unique maison de notre terre, comme le pape
François le souligne à plusieurs reprises.
Saint Corbinien est venu de France ici en Bavière pour familiariser nos ancêtres avec la foi et
l’Évangile. C’était il y a près de 1 300 ans et cela a laissé des traces qui ont encore un impact
aujourd’hui. Le fait que je puisse célébrer et prêcher avec vous ici aujourd’hui est un
témoignage vivant de son œuvre missionnaire. Il a été témoin à la suite de Jésus-Christ. À la
demande du Pape, il abandonna son intention initiale de former une communauté monastique
dans sa ville natale d’Arpajon. Il est également présent dans la cathédrale ici. Les tapis
racontent l’histoire de sa vie et de sa foi et ses reliques sur l’autel rendent présent son lien avec
Jésus-Christ.
Pour nous, Jésus lui-même est présent ce dimanche dans l’Eucharistie et dans l’Évangile. Il le
fait sous une forme qui vise à avoir un effet unificateur et peut apporter une contribution
importante à la construction commune d’un avenir prometteur. Il veut nous motiver à porter
un regard réaliste sur notre vie quotidienne et les situations de vie qui en résultent et à y
réagir. Un fait indéniable est qu’il y a actuellement beaucoup de controverses dans notre
monde. Les conflits sont omniprésents. Les personnes impliquées agissent mal, les gens se
sentent négligés ou laissés à part, les énergies criminelles se déversent dans différents
endroits.
Cela soulève naturellement la question : à quoi ressemble une perspective prometteuse sur la
vie qui rende justice à l’être humain dans sa finitude ? Cela ne s’applique pas seulement au
contexte global, dans lequel nous pouvons parfois nous sentir impuissant, mais cela s’applique
depuis la base à notre vie communautaire et aux différents niveaux qui s’y déploient, comme
la famille et les autres relations dans lesquelles nous vivons.
Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus nous donne un ensemble de règles exigeantes pour nous
aider tout au long du chemin. Mais cela ne peut aussi être qu’une aide pour rester en phase
avec l’idée fondamentale qui est inhérente à chacun de nous, à savoir que nous sommes des
êtres l’image de Dieu en toute finitude. La conséquence de cela pour notre coexistence est que
personne ne doit être mis de côté, écarté ou ignoré par nous, aussi mauvais soit-il. Jésus nous
donne la tâche de prendre soin les uns des autres et de le faire de manière honnête et avec
l’intention de contribuer au bien-être et au développement de la vie communautaire.
En termes très pratiques, il nous dit que si une personne se comporte mal ou pèche, parlez-lui
et non de lui, parlez-lui et n’attendez pas qu’il vienne vers vous ou qu’il se libère de son
isolement. Si cela ne vous aide pas, essayez de demander des sœurs et des frères en
d’accompagnant et si cela ne fonctionne pas non plus, faites demande à la communauté à
laquelle vous appartenez. Ce n’est que lorsque toutes les possibilités humaines ont été
épuisées et que vous avez tout essayé que vous devez le laisser faire. Une tâche exigeante et
stimulante qui rend justice à la construction d’une église dans la condition de disciple de
Jésus-Christ. Cela peut parfois nous pousser à nos limites, mais abandonner ou céder
prématurément n’est pas une option. Mais en fin de compte, comme nous l’avons entendu
dans la lecture, il reste toujours recommandé à l’amour et à la miséricorde de Dieu à travers
notre prière, même s’il est déraisonnable. Cet objectif difficile nous met au défi, tout comme
nous le vivons certainement encore et encore dans nos relations immédiates.
Les êtres humains, et certainement nous sommes dans des constellations différentes en tant
qu’êtres humains finis, nous aussi, de temps en temps, qui nous égarons, nous devrions en
prendre soin. Eux, et donc moi et vous, avons aussi la dignité d’être appelés et appelés de
manière unique. Être intégré à la communauté humaine et donc à la communauté de salut est
un grand bien vers lequel nous pouvons lutter encore et encore.
Et avec tous nos efforts, nous pouvons être conscient de la parole de Jésus qu’il nous rappelle
aujourd’hui : « Si deux d’entre vous sur la terre, se mettent d’accord pour demander quoi que
ce soit, cela leur sera accordé de mon Père qui est aux cieux. Car là où deux ou trois se trouve
réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. » Laissons cette parole s’insérer dans notre
réunion dominicale d’aujourd’hui, afin qu’elle ait aussi réaliser sur l’intercession de Saint Corbinien.
Amen !
Voir ci-dessous le diaporama de la célébration à l’église Saint-Germain (Saint-Germain-lès-Arpajon)
samedi 9 septembre 2023 :
Célébration à la cathédrale de la Résurrection, dimanche 10 septembre 2023 :
