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A-Dieu Benoît XVI !
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A-Dieu Benoît XVI !

Benoît XVI est mort ce samedi 31 décembre, à l’âge de 95 ans. Élu pape en 2005, à 78 ans, Joseph Ratzinger avait été le premier pontife de l’histoire moderne à quitter volontairement sa charge, le 11 février 2013. Sa « renonciation » avait sidéré l’Église et monde. « Je suis convaincu que mes forces, étant donné mon âge avancé, ne me permettent plus d’exercer correctement mon ministère », avait-il lancé devant un aréopage de cardinaux pris au dépourvu. De manière totalement inédite, le « pape émérite », titre inventé pour l’occasion, a donc cohabité avec son successeur, François, toutes ces dernières années.

Pape Benoît XVI à Valence (Espagne), le 8 juillet 2006

Mais, comme il l’avait annoncé lors de son départ, Benoît XVI – à de rares exceptions près – a vécu « caché du reste du monde », à deux pas de la résidence du pape en exercice, dans les jardins du Vatican. Il y a mené une vie de silence et de prière, retiré dans le monastère Mater Ecclesiae. Il n’en est sorti que pour aller voir son frère Georg, en Allemagne, ou pour assister à quelques événements importants, notamment à l’invitation de son successeur, le pape François. Celui-ci présidera ses funérailles le jeudi 5 janvier au Vatican. Une messe à sa mémoire sera célébrée le mardi 3 janvier à 12h15 à la cathédrale d’Evry, présidée par Mgr Michel Pansard.

Avocat de l’alliance entre la foi et la raison, Benoît XVI n’a cessé de plaider pour que le christianisme ait une voix dans l’espace public, exhortant les croyants à jouer un rôle dans les débats actuels. A l’appui de cette préoccupation, il a manifesté une réelle inquiétude face à la déchristianisation de la « vieille » Europe, mettant en garde contre la perte des racines et des valeurs chrétiennes des sociétés occidentales et chargeant le noyau dur des croyants, minoritaires, de participer à un « nouvel élan missionnaire ».

Pendant son pontificat, l’Église a été agitée par la révélation des affaires de pédocriminalité et d’agressions sexuelles, contre lesquels il a pris des mesures intransigeantes. Benoît XVI a aussi poursuivi le dialogue interreligieux engagé par Paul VI et Jean-Paul II, ainsi que le dialogue œcuménique avec l’Église orthodoxe. Il est l’auteur de trois encycliques s’inspirant des trois vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité. Sa disparition peut être l’occasion de les lire ou de les relire.

La première, Deus Caritas Est (Dieu est amour), a été publiée le 25 janvier 2006. Dans cette encyclique le pape tente d’expliquer le sens chrétien de l’amour, critiquant le fait que le nom de Dieu soit associé à la vengeance ou la violence. Pour cela il parle de l’amour que l’Église doit transmettre.

La seconde, Spe Salvi (Sauvés par l’espérance), a été publiée le 30 novembre 2007. Cette réflexion sur le thème de l’espérance chrétienne prend comme référence la Lettre de Saint Paul aux Romains, « C’est en espérant que nous avons été sauvés » (chapitre 8, verset 24).

La troisième, intitulée Caritas in Veritate (L’amour dans la vérité) a été publiée le 29 juin 2009. Consacrée aux questions sociales, elle traite du développement humain intégral et aborde notamment la question de la fraternité et du développement économique en lien avec la société civile, ainsi que du développement des peuples et du respect de l’environnement.

QUELQUES CITATIONS DE BENOIT XVI

Sur la faim dans le monde « La faim ne dépend pas tant d’une carence de ressources matérielles, que d’une carence de ressources sociales, la plus importante d’entre elles étant de nature institutionnelle. Il manque en effet une organisation des institutions économiques qui soit en mesure aussi bien de garantir un accès régulier et adapté du point de vue nutritionnel à la nourriture et à l’eau que de faire face aux nécessités liées aux besoins primaires et aux urgences des véritables crises alimentaires provoquées par des causes naturelles ou par l’irresponsabilité politique nationale ou internationale. Le problème de l’insécurité alimentaire doit être affronté dans une perspective à long terme, en éliminant les causes structurelles qui en sont à l’origine et en promouvant le développement agricole des pays les plus pauvres à travers des investissements  en infrastructures rurales, en systèmes d’irrigation, de transport, d’organisation des marchés, en formation et en diffusion des techniques agricoles appropriées, c’est-à-dire susceptibles d’utiliser au mieux les ressources humaines, naturelles et socio-économiques les plus accessibles au niveau local, de façon à garantir aussi leur durabilité sur le long terme. Tout cela doit être réalisé en impliquant les communautés locales dans les choix et les décisions relatives à l’usage des terres cultivables ». Encyclique « Caritas in Veritate », 29 juin 2009

Sur l’engagement citoyen « Suivre le Christ, chers jeunes, comporte l’effort constant d’apporter sa contribution à l’édification d’une société plus juste et solidaire, où tous puissent jouir des biens de la terre. Je sais qu’un grand nombre d’entre vous se consacrent avec générosité à témoigner de leur foi dans les divers milieux sociaux, en étant actifs dans le domaine du volontariat, en œuvrant à la promotion du bien commun, de la paix et de la justice dans chaque communauté. L’un des domaines dans lequel il apparaît urgent d’œuvrer, est sans aucun doute la protection de la création. L’avenir de la planète, sur laquelle sont évidents les signes d’un développement qui n’a pas toujours su protéger les équilibres délicats de la nature, est confié aux nouvelles générations. Avant qu’il ne soit trop tard, il faut faire des choix courageux, qui sachent recréer une solide alliance entre l’homme et la terre. » Discours prononcé devant près de 500 000 jeunes à Lorette (Italie), 2 septembre 2007

Sur le courage d’être soi « Allez à contre-courant :  n’écoutez pas les voix intéressées et séduisantes qui, de toutes parts, diffusent aujourd’hui des modèles de vie basés sur l’arrogance et la violence, le pouvoir et le succès à tout prix, l’apparence et la possession, au détriment de l’être. De combien de messages, qui parviennent surtout à travers les médias, êtes-vous les destinataires ! Soyez vigilants ! Soyez critiques ! Ne suivez pas la vague produite par cette puissante action de persuasion. N’ayez pas peur, chers amis, de préférer les voies « alternatives » indiquées par l’amour véritable :  un style de vie sobre et solidaire ; des relations d’affection sincères et pures ; un engagement honnête dans l’étude et le travail ; l’intérêt profond pour le bien commun. N’ayez pas peur d’apparaître différents et d’être critiqués pour ce qui peut sembler perdant ou démodé :  les jeunes de votre âge, mais aussi les adultes, et en particulier ceux qui semblent le plus éloignés de la mentalité et des valeurs de l’Évangile, ont un besoin profond de voir quelqu’un qui ose vivre selon la plénitude d’humanité manifestée par Jésus Christ. » Discours prononcé devant près de 500 000 jeunes à Lorette (Italie), 2 septembre 2007

Sur la famille humaine « Si le Père nous appelle à être des fils bien-aimés dans son Fils préféré, il nous appelle aussi à nous reconnaître tous comme frères dans le Christ. De ce lien profond entre tous les êtres humains découle le thème que j’ai choisi cette année pour notre réflexion : « Une seule famille humaine », une seule famille de frères et sœurs dans des sociétés qui deviennent toujours plus multiethniques et interculturelles, où les personnes de diverses religions aussi sont encouragées au dialogue, afin que l’on puisse parvenir à une coexistence sereine et fructueuse dans le respect des différences légitimes. Le concile Vatican II affirme que « tous les peuples forment une seule communauté ; ils ont une seule origine, puisque Dieu a fait habiter tout le genre humain sur toute la face de la terre (cf. Ac 17, 26) ; ils ont aussi une seule fin dernière, Dieu, dont la providence, les témoignages de bonté et les desseins de salut s’étendent à tous » (Déclaration Nostra Aetate, n.1). Ainsi, nous ne vivons pas les uns à côté des autres par hasard ; nous parcourons tous un même chemin comme hommes et donc comme frères et sœurs. » Message pour la 97e Journée mondiale du migrant et du réfugié, 27 septembre 2010

Sur les migrations « Aujourd’hui, beaucoup de personnes doivent affronter l’expérience difficile de la migration, dans ses différentes expressions : intérieures ou internationales, permanentes ou saisonnières, économiques ou politiques, volontaires ou forcées. Le départ de son propre pays est provoqué par différentes formes de persécutions, de sorte que la fuite devient nécessaire. De plus, le phénomène même de la mondialisation, caractéristique de notre époque, n’est pas seulement un processus socio-économique, mais comporte également « une humanité qui devient de plus en plus interconnectée », dépassant les frontières géographiques et culturelles. A ce propos, l’Église ne cesse de rappeler que le sens profond de ce processus historique et son critère éthique fondamental découlent précisément de l’unité de la famille humaine et de son développement dans le bien. Tous, appartiennent donc à une unique famille, migrants et populations locales qui les accueillent, et tous ont le même droit de bénéficier des biens de la terre, dont la destination est universelle, comme l’enseigne la doctrine sociale de l’Église. C’est ici que trouvent leur fondement la solidarité et le partage. » Message pour la 97e Journée mondiale du migrant et du réfugié, 27 septembre 2010

Sur la fraternité humaine « Dans une société en voie de mondialisation, le bien commun et l’engagement en sa faveur ne peuvent pas ne pas assumer les dimensions de la famille humaine tout entière, c’est-à-dire de la communauté des peuples et des Nations, au point de donner forme d’unité et de paix à la cité des hommes, et d’en faire, en quelque sorte, la préfiguration anticipée de la cité sans frontières de Dieu. Telle est la perspective dans laquelle il faut considérer également la réalité des migrations. En effet, comme l’observait déjà le Serviteur de Dieu Paul VI, « le manque de fraternité entre les hommes et entre les peuples » est la cause profonde du sous-développement et — pouvons-nous ajouter — il influe fortement sur le phénomène migratoire. La fraternité humaine est l’expérience, parfois surprenante, d’une relation qui rapproche, d’un lien profond avec l’autre, différent de moi, fondé sur le simple fait d’être des hommes. Assumée et vécue de façon responsable, elle alimente une vie de communion et de partage avec tous, en particulier avec les migrants. » Message pour la 97e Journée mondiale du migrant et du réfugié, 27 septembre 2010

Sur la liberté religieuse « La même détermination avec laquelle sont condamnées toutes les formes de fanatisme et de fondamentalisme religieux, doit animer aussi l’opposition à toutes les formes d’hostilité à l’égard de la religion, qui limitent le rôle public des croyants dans la vie civile et politique. On ne peut oublier que le fondamentalisme religieux et le laïcisme sont des formes spéculaires et extrêmes du refus du légitime pluralisme et du principe de laïcité. Tous deux, en effet, absolutisent une vision réductrice et partiale de la personne humaine, favorisant dans le premier cas, des formes d’intégralisme religieux, et dans le second, de rationalisme. La société qui veut imposer, ou qui, au contraire, nie la religion par la violence, est injuste à l’égard de la personne et de Dieu, mais aussi envers elle-même (…) Il existe en outre des formes d’hostilité envers la religion, qui, dans les pays occidentaux, se manifestent parfois par le reniement de l’histoire et des symboles religieux dans lesquels se reflètent l’identité et la culture de la majorité des citoyens. Ces attitudes alimentent souvent haine et préjugés et ne sont pas cohérentes avec une vision sereine et équilibrée du pluralisme et de la laïcité des institutions, sans compter qu’elles peuvent empêcher les jeunes générations d’entrer en contact avec le précieux héritage spirituel de leurs pays. » Message pour la Journée mondiale de la paix, 8 décembre 2010

Sur la nécessaire intégration des réfugiés « L’Église et les diverses réalités qui s’inspirent d’elle sont appelées, à l’égard des migrants et des réfugiés, à éviter le risque d’apporter une simple assistance, pour favoriser l’intégration authentique, dans une société où tous puissent être des membre actifs et responsables chacun du bien-être de l’autre, généreux pour garantir des apports originaux, avec un droit de citoyenneté à part entière et une participation aux mêmes droits et devoirs (…) Le droit de la personne à émigrer – comme le rappelle la Constitution conciliaire Gaudium et Spes au n. 65 – est inscrit au nombre des droits humains fondamentaux, avec la faculté pour chacun de s’établir là où il l’estime le plus opportun pour une meilleure réalisation de ses capacités, de ses aspirations et de ses projets (…) De nombreuses migrations sont la conséquence d’une précarité économique, d’un manque de biens essentiels, de catastrophes naturelles, de guerres et de désordres sociaux. A la place d’une pérégrination animée par la confiance, par la foi et par l’espérance, migrer devient alors un calvaire pour survivre, où des hommes et des femmes apparaissent davantage comme des victimes que comme des acteurs et des responsables de leur aventure migratoire (…) Le chemin d’intégration comprend des droits et des devoirs, une attention et un soin envers les migrants pour qu’ils aient une vie digne. » Message pour la 99e Journée mondiale des migrants, 12 octobre 2012

Sur le jour du Jugement « Bientôt, je serai face au juge ultime de ma vie. Bien que, regardant en arrière ma longue vie, je puisse avoir beaucoup de motifs de frayeur et de peur, mon cœur reste joyeux parce que je crois fermement que le Seigneur n’est pas seulement le juge juste mais, en même temps, l’ami et le frère qui a déjà souffert lui-même mes manquements et qui, en tant que juge, est en même temps mon avocat (Paraclet). À l’approche de l’heure du jugement, la grâce d’être chrétien me devient toujours plus claire. Être chrétien me donne la connaissance, bien plus, l’amitié avec le juge de ma vie et me permet de traverser avec confiance la porte obscure de la mort. À ce propos, me revient sans cesse à l’esprit ce que Jean rapporte au début de l’Apocalypse : il voit le Fils de l’homme dans toute sa grandeur et tombe à ses pieds comme mort. Mais Lui, posant sur lui sa main droite, lui dit : “Ne crains pas ! C’est moi…” » Conclusion d’une lettre adressée aux victimes de prêtres pédocriminels, 8 janvier 2022

A Castel Gandolfo, 23 mars 2013

BENOIT XVI EN QUELQUES DATES

16 avril 1927 Naissance à Marktl-sur-Inn (Bavière), petit bourg du sud de la Bavière (sud de l’Allemagne).

1951 Ordonné prêtre, avant d’entamer une longue carrière de professeur de théologie et d’auteur de nombreuses publications.

1962-1965 Participe comme théologien au concile Vatican II

Mars 1977 Nommé archevêque de Munich-Freising (Allemagne)

Juin 1977 Créé cardinal par le pape Paul VI

Novembre 1981 Nommé nomme préfet de la congrégation pour la Doctrine de la foi et président de la Commission biblique pontificale ainsi que de la Commission théologique internationale.

Octobre 1992 Promulgue le Catéchisme de l’Église catholique

2002 Devient le doyen du Collège des cardinaux

19 avril 2005 Devient le 265e pape de l’Église catholique sous le nom de Benoît XVI

11 février 2013 Annonce son retrait

31 décembre 2022 Meurt à 95 ans

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