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A Marseille, le pape a touché le cœur des croyants
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A Marseille, le pape a touché le cœur des croyants

La visite du pape François à Marseille, dans le cadre des Rencontres méditerranéennes, s’est achevée samedi 23 septembre par une messe géante rassemblant plus de 60 000 fidèles au stade Vélodrome. Parmi eux, notre évêque et une vingtaine de catholiques du diocèse d’Évry.

C’était la première visite du pape à Marseille depuis 500 ans. Pour l’occasion, la deuxième ville de France arborait les couleurs du Vatican. Après une déambulation sur l’avenue du Prado, acclamé par des milliers de Marseillais, le souverain Pontife est arrivé au stade Vélodrome, où il a célébré ce samedi 23 septembre en fin d’après-midi une messe avec plus de 60 000 personnes, des chrétiens de toutes générations, quelques musulmans et beaucoup de familles avec enfants.

Une grande première au stade Vélodrome. « Ce samedi après-midi, tout le monde est pour la même équipe ». Quelques minutes avant l’arrivée du pape, la blague a fait son petit effet. Elle a fait sourire et rire les dizaines de milliers de catholiques assis dans l’enceinte. Son auteur ? Gad Elmaleh. L’humoriste a souhaité mettre de l’ambiance avant l’arrivée du pape François. « Ma présence peut vous surprendre. Je viens du Maroc, terre d’Islam, d’une famille juive. Aujourd’hui, je demande la protection de Notre-Dame-de-la-Garde. Ce mélange, je l’assume. Je suis pour le vivre ensemble. » Dans les tribunes comme sur la pelouse – bien protégée pour la circonstance – une foule de tous les âges et de nombreuses nationalités. Les drapeaux tricolores et européens voisinaient avec ceux du Liban, de la Corse, du Cameroun, du Sénégal, du Cap Vert ou encore d’Argentine, du Chili et de Tunisie.

Pour le pape François, cette visite prévue de longue date, à l’occasion des Rencontres méditerranéennes, était l’occasion de mettre un coup de projecteur sur la situation des migrants en Méditerranée. Le matin même, au palais du Pharo, il avait appelé à une « responsabilité européenne » et martelé que les migrants qui « risquent leur vie en mer » pour gagner l’Europe « n’envahissent pas mais cherchent l’hospitalité (…) Ils ne doivent pas être considérés comme un fardeau à porter ».

Le pape François a aussi affirmé que « le phénomène migratoire n’est pas tant une urgence momentanée, toujours bonne à susciter une propagande alarmiste, mais un fait de notre temps ». Et d’ajouter que ce processus doit être géré « avec une responsabilité européenne capable de faire face aux difficultés objectives ». Il a reconnu qu’il est « difficile » d’accueillir, mais « le critère principal ne peut pas être le maintien de son propre bien-être ». « Nous avons besoin de la fraternité comme du pain », a-t-il ajouté.

Comme prévu, le Saint-Père a fait son entrée un peu avant 16h00 dans le stade Vélodrome, alors qu’un immense tifo à son effigie était hissé juste en face de l’autel. « Bonjour Marseille, bonjour la France ! », a lancé le souverain pontife, acclamé par la foule immense. Le début d’une messe totalement inédite appelée à durer quatre-vingt-dix minutes.

Animateur liturgique dans la paroisse Saint-Joseph-des-Tarterêts, à Corbeil-Essonnes, David Morgant était dans la foule. Il nous livre ici son témoignage : « A l’équipe des bâtisseurs de notre paroisse, nous voulions aller à Marseille à la messe avec le pape, pour prier pour lui et pour le soutenir ! Nous nous référons souvent à lui, notamment à cause de son encyclique Fratelli Tutti dans les actions culturelles et éducatives menées dans le quartier, aux périphéries ! C’était très impressionnant de se retrouver au milieu de cette foule dans le stade Vélodrome, avec le cardinal archevêque de Marseille Jean-Marc Aveline qui a eu les bons mots pour nous accueillir avec le pape. Il y avait une grande ferveur et une grande joie, même si l’animation de la messe aurait pu être plus dynamique encore ! »

Comme l’ensemble des participants à cette messe, David Morgant, qui espère que le pape viendra un jour au Tarterêts, n’est pas près d’oublier les paroles que ce dernier a prononcées lors de son homélie : « L’expérience de foi provoque avant tout un tressaillement devant la vie. Tressaillir c’est être “touché à l’intérieur”, avoir un frémissement intérieur, sentir que quelque chose bouge dans notre cœur. C’est le contraire d’un cœur plat, froid, installé dans la vie tranquille, qui se blinde dans l’indifférence et devient imperméable, qui s’endurcit, insensible à toute chose et à tout le monde, même au tragique rejet de la vie humaine qui est aujourd’hui refusée à nombre de personnes qui émigrent, à nombre d’enfants qui ne sont pas encore nés, et à nombre de personnes âgées abandonnées. Un cœur froid et plat traîne la vie de manière mécanique, sans passion, sans élan, sans désir. Et on peut tomber malade de tout cela dans notre société européenne : le cynisme, le désenchantement, la résignation, l’incertitude, un sentiment général de tristesse. Tout cela. La tristesse cachée, parfois. Quelqu’un les a appelées “passions tristes” : c’est une vie sans tressaillement.

Rappelons-le toujours, même dans l’Église : Dieu est relation et souvent il nous rend visite à travers des rencontres humaines, quand nous savons nous ouvrir à l’autre, quand il y a un tressaillement pour la vie de ceux qui passent chaque jour à nos côtés et quand notre cœur ne reste pas impassible et insensible devant les blessures de ceux qui sont les plus fragiles. Nos villes métropolitaines, et tant de pays européens comme la France où coexistent des cultures et des religions différentes, sont en ce sens un grand défi contre les exacerbations de l’individualisme, contre les égoïsmes et les fermetures qui produisent solitudes et souffrances. Apprenons de Jésus à éprouver des frémissements pour ceux qui vivent à nos côtés, apprenons de Lui qui, devant les foules fatiguées et épuisées, ressent de la compassion et s’émeut (cf. Mc 6, 34), tressaille de miséricorde devant la chair blessée de ceux qu’il rencontre. Comme l’affirme votre grand saint, Vincent de Paul, « il faut tâcher d’attendrir nos cœurs et de les rendre susceptibles des souffrances et des misères du prochain, et prier Dieu qu’il nous donne le véritable esprit de miséricorde, qui est le propre esprit de Dieu », jusqu’à reconnaître que les pauvres sont « nos seigneurs et maîtres »« Nous avons besoin de retrouver passion et enthousiasme, de redécouvrir le goût de l’engagement pour la fraternité, d’oser encore le risque de l’amour dans les familles et envers les plus faibles, et de retrouver dans l’Évangile une grâce qui transforme et rend belle la vie. ».

DIAPORAMA :

« Nous avons vécu un moment magique, de grande communion. Un moment qui restera inoubliable », confie Valérie Léon, directrice d’une maison de retraite, à Morsang-sur-Orge, qui faisait, elle aussi, partie du voyage. « J’ai été touchée par l’humilité de ce pape et par sa proximité avec nous. Il m’a permis de porter un regard plus positif sur les migrants. Et sur Marseille aussi ! Grâce à lui, cette ville a pris une autre dimension. Elle n’est plus seulement la ville du crime et des trafics de drogue, elle est devenue la ville de la rencontre, la ville de la fraternité. Oui, vraiment, ce pape m’inspire beaucoup. Depuis son premier voyage à Lampedusa en 2013, il ne cesse de dénoncer l’indifférence meurtrière, parlant même d’épidémie, et nous invite à quitter nos peurs pour aller à la rencontre de l’autre. C’est un pape engagé qui n’hésite pas à nous secouer pour que nous nous engagions à notre tour, pour plus de paix, plus de justice et plus de fraternité. »

Laurent Grzybowski

Liens vers le texte des discours du pape prononcés à Marseille :

Méditation à Notre-Dame de la Garde avec le clergé et les religieux

Discours devant la stèle des marins et migrants disparus en mer et mot du cardinal Aveline

Discours au Palais du Pharo

Homélie de la messe au Stade Vélodrome

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