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Paroles de l'Évêque

Ordination diaconale Jean-François Vinchant – La Ferté-Alais, dimanche 21 juin 2020

Ordination diaconale Jean-François Vinchant – La Ferté-Alais, dimanche 21 juin 2020

Frères et sœurs bien aimés de Dieu !
J’entends souvent la question : mais que rajoute l’ordination à ce que fait déjà un baptisé, un fidèle laïc du Christ ?

Cette interrogation en rejoint d’autres :

  • Qu’ajoute le baptême à quelqu’un qui vit déjà de l’Évangile ?
  • Qu’est-ce que la confirmation ajoute au baptême ?
  • Qu’est-ce que le sacrement de mariage ajoute à la vie commune déjà commencée ?

Qu’est-ce que cela ajoute ? Qu’y a-t-il en plus ? À quoi cela sert-il ? Ces interrogations nous enferment dans la mesure, le quantitatif, elles sont de l’ordre de l’utilité marchande.
Elles ressemblent à bien des questions entendues par Jésus : « quel est le plus grand ? », « qui aura la première place ? »

Jésus a toujours refusé d’entrer dans la logique de ces interrogations pour nous entraîner dans une autre logique, celle d’un ordre évangélique qui bouscule nos approches mondaines. C’est la logique où l’Évangile à l’endroit est souvent le monde à l’envers.
C’est pour cela que l’Esprit-Saint, le dynamisme même de Dieu nous est nécessaire pour nous faire entrer dans les manières d’être et de faire du Seigneur de nos vies : « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 15,12). Nous n’en avons jamais fini puisque nous sommes devant un Amour qui nous déborde de toute part, une surabondance qui nous entraîne à répondre sur le même registre du don qui nous est fait ; non en donnant des choses, mais en se donnant nous-mêmes. Seuls ceux qui aiment le comprennent : « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis… » Vous le savez aussi d’expérience dans cette alliance qui vous unit, Pascale et Jean-François, alliance qui a donné la vie aux enfants qui vous entourent et continue à la donner.
C’est bien pour cela que nous invoquerons tout à l’heure l’Esprit-Saint : « Donne-nous la charité… Viens, Esprit-Saint, viens transformer nos vies ! » La belle séquence de Pentecôtel’exprime ainsi en parlant de l’Esprit-Saint : « réchauffe ce qui est froid, assouplis ce qui est raide, Père des pauvres. »       
Oui, quand l’Esprit de Dieu envahit quelqu’un, il le fait exister devant lui, il lui dilate le cœur et l’amour est toujours ouverture aux autres.

Jean-François, ne te fais pas d’illusions. Le diaconat ne trouve pas son sens dans ce qu’il ajoute ou dans l’avancement qu’il promet. Le diaconat est un don de Dieu à son Église.

Le diacre, un don de Dieu à son peuple, pour nous dire et donner quelque chose de Dieu. La vocation du diacre est ainsi de rappeler que le service est au cœur de la vocation de tout baptisé, et comme antidote à une société du « cela m’est utile » cela me « sert », rappelait le Pape François à des diacres et il poursuivait,  « Vous, vous êtes le don que l’Esprit nous fait pour voir que le juste chemin va en sens contraire : dans la prière, je sers, dans la communauté, je sers, par la solidarité, je sers Dieu et mon prochain. ».
Nous pouvons toujours être tentés de faire de l’Église notre affaire, nous pouvons être facilement portés à ne compter que sur nos forces et nos initiatives. Il est bon de nous rappeler la source.
Dieu est premier, si nous sommes un peuple, nous sommes le Peuple de Dieu. Notre travail, nos engagements ne doivent pas oublier celui qui travaille avec nous : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain »

Jean-François nous est donné comme diacre comme les autres ordonnés, pour dire et redire le primat de Dieu : un Dieu source de vie, d’amour, de notre amour. Et non pas un Dieu en concurrence de nous ou de Pascale ou de vos enfants. Non un Dieu, en surplomb, dominant tout, mais un Dieu qui en Jésus, comme au soir de la cène, se fait notre serviteur en se mettant à genoux devant nous.     

Le mot diacre, signifie serviteur. Cet appel au service est adressé à tous les disciples du Christ.  Par leur service spécifique, les diacres comme les poupées russes sont un signe, un « sacrement du service de Dieu et des frères » qui rappelle à tous ce qui est notre appel.  Aussi « La sensibilité́ à la formation d’une conscience diaconale peut être à̀ juste titre considérée comme la raison de fond qui doit imprégner les communautés chrétiennes » (pape François). Ce sera un des enjeux de notre prochain synode : Église de Dieu qui est en Essonne, évangélise en prenant soin !

Je vais te remettre l’Évangile. Disciple-Missionnaire, tu le seras en étant serviteur de la Parole.

  • Serviteur non pas d’un livre, mais comme Philippe, de Celui dont témoignent les Écritures.
  • Serviteur de la Parole de Dieu qui s’adresse aux hommes comme à des amis, parole douce comme le miel ou tranchante comme le glaive.
  • Serviteur de l’engagement de Dieu contre tout ce qui fait mal aux hommes.
  • Serviteur de la parole engagée de Dieu, parole d’alliance, parole vivante faite chair, faite homme.

Diacre, tu portes un des titres du Seigneur : « Serviteur ». Serviteur tu le seras en étant à la place où se tient le Seigneur au soir de la cène. « Quand Notre Seigneur est à genoux au lavement des pieds. Il résume tout ce qu’il est, tout ce qu’Il donne, tout ce qu’il apporte et la mission qu’il nous confie, qui est d’être à cette place où il se tient, à genoux devant l’homme[1] ». D’une manière particulière tu auras à veiller et à aider l’Église, à ne pas se payer de mots et à assurer une présence active de la charité près de ceux qui en ont besoin et en prenant la tenue de service.

Diacre tu le seras aussi dans la liturgie où le diacre ne dit pas et ne fait pas beaucoup de choses mais ce qu’il fait est significatif de ce qui marque sa vie :

  • Il annonce l’Évangile, ce qui est bon et nouveau de la part de Dieu pour les hommes et il l’annonce et le proclame à tous ceux qui sont rassemblés, même à l’évêque…
  • À voix basse, il demande que nous soyons intimement unis à Celui qui partage notre humanité…
  • Il nous invite à ne pas garder pour nous la paix que le Seigneur nous donne, mais à la donner, la partager. Car le don de Dieu, ce que Dieu nous donne, nous l’accueillons en vérité, non en le gardant, mais en le donnant.
  • Enfin, et ce n’est pas rien, le diacre a le dernier mot, nous invitant à ne pas rester là. Comme le Seigneur, il nous invite à aller dans toutes les nations faire des disciples, mais à la manière du Christ, en artisan de paix, dans la paix. Allez en tenue de service, pour vivre à l’égard de vos frères et sœurs à la manière dont vous avez goûté que Dieu se conduit vis-à-vis de vous.   

Amen


[1]    Maurice Zundel, Ta parole comme une source, p.185

Télécharger l’homélie de Monseigneur Pansard

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