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Avec Metanoia, le Pôle jeunes ouvre un chemin de conversion
Pastorale des Jeunes

Avec Metanoia, le Pôle jeunes ouvre un chemin de conversion

Un rassemblement diocésain des acteurs de la pastorale des jeunes a eu lieu les 2 et 3 mars 2024 à Notre Dame de l’Ouÿe . Organisé par le Pôle Jeunes, ce temps de formation et de ressourcement avait pour ambition de prendre soin et d’encourager celles et ceux qui accompagnent les jeunes tout au long de l’année. Il s’agissait aussi d’entrer dans une dynamique de conversion, une « metanoia », en nous mettant ensemble à l’écoute de la Parole de Dieu et des « cris de la terre et des pauvres ».

Le verset d’Isaïe 43.19, « Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides. », nous a accompagnés durant tout le week-end. Ce fut pour nous une invitation permanente à être attentifs aux signes des temps, à ces germes du Royaume qui émergent, à nous mettre à l’écoute les uns des autres et de l’Esprit de Dieu. Et comme la pluie était de la partie, ce fut fécond : « Efforçons-nous de connaître le Seigneur : son lever est aussi sûr que l’aurore ; il nous viendra comme la pluie, l’ondée qui arrose la terre. » Livre d’Osée 6.3.

Voici le retour que nous pouvons faire sur ces deux journées qui impacteront, c’est sûr, une compréhension nouvelle de ce que pourrait être la pastorale d’une génération dans notre diocèse. Le Pôle Jeunes qui a démarré comme organe diocésain de la Pastorale des jeunes, au cœur de la crise sanitaire, a été confronté dès sa création aux fragilités de ce « monde d’après » que nous voulions meilleur et qui se révèle après presque quatre années en bien des points encore plus instable et inquiétant que celui d’avant. Les jeunes subissent de plein fouet la précarité, la perte de confiance dans l’avenir et dans leurs aînés, dans une société « liquide » où tout est relatif et se polarise, s’extrêmise. Les guerres sont à nos portes ou se téléportent, le dérèglement climatique et l’effondrement des écosystèmes sont palpables et les technologies happent notre attention. Elles promettent de nous sauver et même de nous augmenter… Quelle illusion !

Face à cette réalité, notre Eglise souvent perçue comme « à la ramasse » sur nombre de réalités, est invitée elle aussi, notamment grâce au pape François, à se mobiliser autour du scandale de l’indifférence face aux migrants, à œuvrer pour la sauvegarde de notre maison commune et de la vie qu’elle abrite du début à la fin, à acquérir une culture synodale où l’on s’écoute et l’on se parle sans surplomb, sans tabou, dans une même dignité, refusant toute emprise, tout abus au profit de la bénédiction de tous.

C’est dans ce contexte qu’il paraissait important au Pôle Jeunes de vivre un temps de prise de recul et d’expérimentation mais aussi d’émergence avec ceux qui sont de par leur mission en première ligne. Voici ce qui nous a permis de commencer à nous frayer un chemin dans ce désert où contre toute attente, la vie est encore à l’œuvre :

  • La présence d’accompagnateurs de jeunes, de grands jeunes, de jeunes adultes, de responsables diocésains, de notre évêque, de prêtres, de diacres, de l’équipe diocésaine du Pôle Jeunes et des Jeunes au service (JAS) qui ont pris du temps pour s’écouter et « synoder » ensemble. Nous ne voulions pas parler des jeunes sans les jeunes et rien que pour cela, le rassemblement fut une réussite.
  • L’écoute régulière de la Parole de Dieu racontée et partagée dans la liturgie certes, mais pas seulement. Les talents de conteuse de Claire Le Floc’h nous ont fait entendre ou réentendre, de manière régulière, des récits bibliques en échos avec le cheminement général du week-end nous invitant à entrer dans ce processus de trans-formation qu’est la Métanoia. Nous avons ainsi par exemple « osé » avec la fille de Jaïre, entendu l’invitation au changement avec Jonas et les Ninivites, suivi Jésus hors des sentiers battus avec la Cananéenne etc. Cette fraiche redécouverte des textes a été très apprécié et en a ému plus d’un.
  • Une prise en compte de chacun dans toutes ses dimensions, en convoquant notamment ce que nous avons souvent tendance à négliger : notre corps, notre intériorité, nos émotions, le silence, le vrai temps du regard de l’autre…. Ceci fut vécu par la danse et le chant afin de se disposer à une vraie présence non seulement à chacun, mais aussi au Tout-Autre. Florence et Laure nous ont alternativement réveillés et aidés à reprendre appuis, à expérimenter ce qu’était le changement… par la marche qui passe successivement par des phases d’équilibre et de déséquilibre… tout comme tout processus de conversion, avec toute la peur qui l’accompagne.
  • Comme berger de l’Eglise qui est en Essonne, notre évêque a marché avec nous tout ce week-end, tantôt comme participant actif et discret, tantôt comme enseignant, prédicateur, célébrant, priant… observateur aussi. Nous avons apprécié son positionnement non comme sachant mais comme contributeur au vu de son expérience à ce qui se jouait. Dès le samedi matin, il nous a partagé son regard de pasteur sur les changements qu’il a lui-même connu depuis sa jeunesse, les changements en cours, ce qu’il voit et ce qu’il espère. Il nous a éclairés sur ce qu’est la Metanoia dans l’histoire d’un peuple, chez les disciples du Christ d’hier et d’aujourd’hui. En fin de week-end, il nous a bénis avec les mots de St François et encouragés à vivre de cette transformation qui, comme pourrait le dire l’apôtre Paul, est une métamorphose.
  • Avec la coach Chrysoline Brabant, nous avons chacune et chacun été invités à ouvrir un carnet personnel d’accompagnement du changement en creusant notre posture de « responsable », c’est-à-dire celle ou celui qui doit « répondre de ». Ceci est bien lié à notre « discipulat », notre apprentissage de disciple. Elle nous a aidés de manière active et exigeante à nous réaligner sur nos talents, notre vocation baptismale et initiés à une écoute active et véritable de soi-même et de l’autre. Ce fut un des moments clé du week-end, car il a posé les bases d’une Métanoia personnelle, préalable à une Métanoia collective.
  • Intelligence collective et processus créatifs. En fin d’après midi le samedi, l’ensemble des participants s’est réparti en cinq ateliers ayant pour thèmes les défis contemporains suivants : Précarité des jeunes, Vulnérabilité des jeunes, Bonne Nouvelle de la création, Se parler aujourd’hui et Créativité pastorale. Tous furent invités,  guidés par un facilitateur à expérimenter différentes techniques d’intelligence collective et de créativité afin de : 
  • Prendre à bras le corps un défi contemporain, s’en saisir comme chrétien 
  • Echanger, se mettre à l’écoute des autres et de l’Esprit de Dieu 
  • Discerner ce qui doit changer, ce que l’on doit abandonner
  • Par l’intelligence collective, être source de créativité, de rêve et d’élan pour l’avenir
  • Expérimenter une culture synodale
  • Repartir avec un PPPPPP, c’est à dire un Prochain Petit Pas le Plus Pertinent Possible.

Ainsi, avec la diversité des participants tant en terme de générations que d’expériences, chacun a pu pratiquer le cercle comme mode de mise en relation, la prise de parole systémique, l’écoute active, l’expérimentation du silence, la communication bienveillante verbale et non verbale, la reformulation… et repartir avec un document téléchargeable donnant les bases de l’intelligence collective et ses atouts pour une vie ecclésiale et synodale renouvelée.

Les cinq groupes ont pu proposer en fin de week-end trois coups de cœur chacun, comme autant de propositions innovantes pour affronter ces défis contemporains auxquels les jeunes et les croyants sont confrontés. 

Ainsi, ont pu émerger des coups de cœur tels que : la pérégrination d’un truck solidaire dans tout le diocèse où chaque secteur, lors de son passage, y ferait un lieu de soin pour les plus défavorisés ; la mise en place des 5 R dans nos organisations (Refuser les produits à usage unique, Réduire notre consommation de biens, Réutiliser et réparer tout ce qui peut l’être, Recycler ce qui ne peut être réutilisé et rendre à la terre (composter) tous les déchets organiques)… Toutes les belles idées sont à reprendre directement localement ou ont pu donner aussi de la matière pour les services diocésains présents.

  • La projection d’un documentaire « maison » autour de la synodalité intitulé : Briser les codes : enquête sur la Synodalité. Deux membres de l’équipe diocésaine, Evry Time, Loïc et Christelle ont enquêté à Rome, au secrétariat général du synode sur la synodalité (Sr Nathalie Becquart et Jullian Papparella ), à Evry, durant notre synode diocésain et ici ou là au fil de l’enquête. Ce très beau travail digne de professionnels nous aide à creuser cette notion de synodalité qui fait véritablement partie des Métanoias collectives à opérer. 
  • Nous vous invitons à la regarder à plusieurs, à échanger sur le contenu et à la diffuser.
  • La messe qui fut préparée par une équipe dont la mission était que chacun puisse faire l’offrande de ses talents à la beauté et la simplicité de la liturgie, fut un moment d’action de grâce mais aussi et surtout une occasion de faire mémoire avec notre évêque des victimes des abus. En ce dimanche de Carême, Jésus renverse encore les tables de nos petits commerces et nous pousse sur des chemins de résurrection. Grand moment solennel et de profonde compassion.
  • Louange et culture jeune contemporaine. Deux formations musicales créatives locales ALIVE et CONNECT ont clôturé tour à tour chacune des journées. Toutes deux sont composées de jeunes dont les plus âgés ont à peine plus de 20 ans et ont à cœur de guider des assemblées de jeunes (et de moins jeunes d’ailleurs) dans la prière et donc la relation à Dieu par la louange. Expression incontournable de la prière aujourd’hui, elle requestionne les codes de la relation communautaire à Dieu en étant à la fois une expression biblique renouvelée au siècle dernier dans le pentecôtisme évangélique puis catholique où elle cherche encore sans doute à s’inculturer. Une chose est sûre ces jeunes ont de l’audace et de la créativité et n’ont pas peur de laisser germer des choses nouvelles pour la plus grande joie d’une assemblée souvent conquise et parfois perplexe… Une chose est sûre, il y a de la joie, de la sincérité et de la foi. Ils utilisent avec talent les supports vidéo, maitrisent les codes de la culture pop jeunes et les réseaux sociaux et ont l’exigence de l’excellence. Ils ne pouvaient être absents de ce week-end où le changement était à l’honneur, eux qui, sessions après sessions, expérimentent la tension entre une vision de l’Eglise qui se fait proche des jeunes et les résistances qu’elle peut provoquer. La session « Tombé Love » et la remise des « Métanoia » furent tous deux appréciés pour leurs grandes créativités.

Au terme de ce week-end où l’on pouvait lire dans les regards, après la session de clôture où chacun venait de se bénir l’un-l’autre, la joie et l’émotion, nous ne pouvons et ne pourrons sans doute jamais énumérer l’ensemble de ce qui est en germe où donne déjà du fruit. 

Cependant la première grande réussite fut sans doute dans le climat général de ce rassemblement. En effet, l’équipe organisatrice avait mis un point d’honneur au « prendre soin », prenant au sérieux l’injonction du synode « Eglise qui est en Essonne, évangélise en prenant soin ». 


De manière très concrète, la présence d’un espace de détente, de jeu, de restauration avec d’agréables fauteuils, pour se poser, se reposer, discuter, refaire le monde est une des composantes visibles de ce désir ancré en Christ de laver les pieds de l’autre. Il se poursuit dans l’écoute et l’attention à chacun, le respect de ses besoins. La sœur, le frère se reçoit comme un cadeau à chaque instant. L’équipe organisatrice nommée Evry Time, en s’imposant cette règle pour elle-même se fait modélisante. Loin de nous l’idée de l’encenser, mais tel est le retour qui lui a été mainte fois fait, non sans écho à ces lignes d’Evangile : « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous. » Jean 13 :35

Et en l’accompagnant, nous pouvons témoigner qu’au-delà des difficultés rencontrées, il y a une réelle attention à l’autre et un authentique respect pour chacun au-delà des agacements et des bavardages qui peuvent surgir. Ainsi, subsiste la recherche d’un vivre ensemble fidèle à l’Evangile, un désir de grandir en synodalité et en adelphité (lien de parenté qui unit les enfants nés des mêmes parents, sans distinction de genre. Ce terme cherche à dépasser ceux de fraternité et de sororité). Ils avaient de la joie à faire partager leurs propres découvertes, leurs propres transformations. Merci à eux pour cela. Pour le temps et l’énergie donnés, pour la foi en un changement possible mais surtout vital, comme un enfant au 6ème mois se retourne dans le ventre de sa mère pour aller dans la bonne direction.

Bref : Laissons-nous enfanter, re-susciter avec le Christ qui Lui-seul est le même, hier, aujourd’hui et à jamais  (Hébreu 13 ;8)  !

Yann SUJET
Responsable du PÔLE JEUNES
Délégué diocésain pour le service de 
l’Aumônerie de l’Enseignement Public (AEP 91)

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