Votre Diocèse

Actualités

SE CONVERTIR                                                DANS CHACUNE DE NOS TRADITIONS
Relations avec les Musulmans

SE CONVERTIR DANS CHACUNE DE NOS TRADITIONS

Massy : Rencontre débat sur le thème « Se convertir dans chacune de nos traditions »

Le 6 mars à Massy, 65 personnes ont participé à la rencontre annuelle du Collectif Abraham. Elle était animée par Marc Derœux, pasteur baptiste à Massy,  avec des interventions de Benjamin Allouche, président de l’assemblée des communautés juives de l’Essonne, du P. Blaise Armel N’Doudi, prêtre du secteur pastoral Massy- Verrières, et de l’imam de la mosquée de Massy, Chamouini Chamsouddin.

L’atmosphère était à l’écoute et au respect tellement le sujet semblait difficile.

D’emblée Benjamin Allouche plaça la conversion sur ses bases : se convertir, c’est se tourner vers Dieu. Ce mouvement n’est possible à l’homme que s’il obéit au commandement : « Aime ton prochain comme toi-même ». Car Dieu, personne ne l’a jamais vu… mais les autres, nous les voyons tous les jours, ils sont créatures de Dieu et donc « le » chemin vers Dieu. Toute l’histoire du peuple juif est celle d’un dialogue entre Dieu et son peuple. Dieu l’invite tout au long de son histoire à se tourner vers Lui, notamment par l’intermédiaire des prophètes. La « techouva », c’est-à-dire le « retour » vers Dieu est toujours possible pour toute personne quel que soit son âge, son statut dans la société. Elle est toujours possible pour chacun jusqu’à l’instant de la mort. Elle est un moment de retournement vers Dieu, elle est reconnaissance de sa présence dans notre vie et s’accompagne de façon naturelle du repentir.

Le P. Armel a dit son profond accord avec Benjamin. Les Chrétiens croient en Jésus, juif, né dans le peuple juif, et, en même temps, Dieu « incarné ». Les chrétiens sont interpellés dès le début de l’Évangile de St Marc par l’appel à la conversion lancé par Jean le Baptiste à « aplanir les chemins du Seigneur ». Cela signifie que l’on ne peut recevoir Dieu dans sa propre vie que si l’on se met  en situation d’aplanir en nous ce qui pourrait entraver sa présence. La conversion est donc une réponse à un appel à « laisser la place ». Par ailleurs, comme on peut le lire dans la Bible avec par exemple l’histoire du jeune Samuel nous avons besoin des autres pour lire cet appel et y répondre. Cet appel entraine dans un premier temps et lorsqu’il est entendu, une certaine frayeur, car c’est dans notre cœur qu’il se fait et ne dit rien de l’avenir… Le cœur est le lieu de Dieu. Dieu se révèle au plus profond de nous (St Augustin). Dans un mouvement qui est toujours à refaire, jamais définitif, il nous pousse à la  « métanoïa », la transformation de notre regard qui se met à voir dans le monde et les événements les signes concrets de la présence de Dieu.  Pour le P. Armel présenter la conversion seulement en termes sociologiques, à savoir simplement « changer de religion » n’a pas de sens. La conversion est un chemin sur lequel on s’engage chaque jour, sans savoir où il nous mène, c’est un mouvement intérieur de confiance.

L’imam Chamouini de son côté, en s’appuyant sur le Coran et la tradition prophétique, a montré comment dans la tradition musulmane nous existons de toute éternité. Lorsque nous naissons, nous sommes déjà et depuis toujours en Dieu. D’une certaine façon un musulman peut dire que la conversion, ça n’existe pas. L’enfant dès sa naissance est un croyant, il a en lui tout ce qui est nécessaire pour être croyant. La vie conduit donc spontanément vers Dieu. Et Dieu n’est pas avare de signes qui nous montrent sa présence. Ce sont ces signes qui nous permettent d’apprécier le monde et nous entrainent  à le regarder avec intelligence et confiance. Ces signes nous entrainent sur la voie du bien telle qu’elle nous est montrée dans le Coran et dans la tradition, mais nous pouvons bien entendu fermer notre cœur et ne rien voir. La communauté de ceux qui fidèlement suivent l’enseignement de Dieu nous aide cependant à cheminer malgré notre aveuglement ou les éventuels arrêts voire régressions qui sont notre lot à tous. Mais au fond de tout, Dieu est avec nous et nous appelle sans cesse à le rejoindre. L’enseignement du prophète Muhammad montre que Dieu prend soin de nous, il nous revient de le louer pour cela et d’être en confiance « soumis » à sa loi, c’est d’ailleurs le sens du mot « musulman ».

Le débat qui a suivi avec de nombreuses questions a montré à quel point dans les traditions monothéistes abrahamiques les convergences étaient évidentes. Notre diversité est aussi un signe que Dieu nous envoie, il faut la voir comme une chance.

Par rapport à l’histoire, il nous est demandé à tous un effort de contextualisation car nos religions sont inscrites dans le temps. La lettre certes, mais c’est l’esprit qui est premier. De même il faut admettre que nous avons été créés libres de refuser l’appel qui nous est fait et que donc cette possibilité fait partie de la conversion que nos communautés doivent accepter car nous sommes limités. Donc, ni exclusion, ni violence bien sûr !

La réunion s’est terminée autour d’un goûter au cours duquel fraternellement nous avons partagé notre humanité commune.

Actualités du Diocèse

La Newsletter