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Mgr Herbulot et l’expérience synodale

Mgr Pansard a interviewé Mgr Herbulot en septembre 2020, quelques jours avant le lancement du synode :

Texte intervention Mgr Guy Herbulot_septembre 2020.

Michel Pansard :

Nous sommes rassemblés avec les prêtres du diocèse pour une journée fraternelle où nous allons parler de l’ouverture du Synode dans le 4 octobre alors j’avais une question à te poser puisque tu as été évêque de ce diocèse tu es toujours membre de son presbytérium mais tu as lancé un synode donc 2e synode qu’est ce que tu peux nous partager de de cette expérience.

Guy Herbulot : 

Voilà mes chers frères, je me dois de remercier Michel notre évêque de lancer un nouveau synode et de nous réunir quelques jours avant cet événement diocésain qui nous appelle à faire route ensemble sur impulsion de l’esprit saint, ne l’oublions pas.

 Mon évêque Michel m’a posé une question que je résume : qu’est-ce qui vous a poussé à lancer un synode et en complément à cette question, quelle exigence spirituelle, expérience spirituelle, cela représente-t-il pour un évêque et pour le peuple de Dieu, engagés ensemble ?

Alors voilà je vais être très simple, je ne vais pas vous embarquer dans des grandes perceptions dogmatiques.

 En juillet 1981 Le Conseil pontifical pour les laïcs organisait un colloque sur le laïcat dans l’église, à Vienne en Autriche et je représentais l’Eglise de France, accompagné de laïcs, homme, femme, et de quelques prêtres. Le Père Congar,  mon compatriote et ami, y était présent en tant qu’expert et c’est là que je l’entendis affirmer avec force que la conciliarité était le génie de l’Église catholique. Et le Père Congar de rappeler, avec vigueur, que les premières communautés, devant la nécessité  de répondre à d’authentiques besoins de l’époque, qui pouvaient faire l’objet de réponses différentes, purent se réunir au gré des événements, des questionnements, et là il y eut conciliarité – on retrouve ça dans 2 actes des apôtres quand il s’agit des veuves juives et des veuves grecques, de la désignation des 7 hommes au service de table, de la circoncision et beaucoup d’autres sujets qui touchaient à la vie des apôtres, à la vie des anciens, et cetera. De là on peut dégager cette conviction que les décisions à prendre en vue de la mission doivent faire l’objet de rencontres, de partages, à l’écoute de l’Esprit Saint, si nous voulons atteindre la vérité et non pas simplement nous enfermer en nous-mêmes, ou dans des discussions où nous voulons toujours avoir raison.

2ème point que je veux ajouter,  les 4 et 5 juin 1983 nous vivions dans ce diocèse le rassemblement de Longpont, rassemblement qui avait regroupé 15 000 personnes. En fait les uns les autres nous étions surpris, nous ne connaissions que peu de monde en fait, et nous avions là un lieu un lieu de partage. Nous avions quatre chapitaux, un premier chapiteau où c’était d’aborder cette question de Dieu aujourd’hui, de l’œcuménisme dans un diocèse avec des fidèles venant de partout et de toutes les religions, également un chapiteau l’Église charité et justice et enfin un chapitre sur les laïcs et les prêtres opposés ou complémentaires. Cet événement s’est très très bien passé, les religieux du diocèse avaient été mobilisés pour soutenir tous les laïcs qui assistaient à ce rassemblement dans l’église de Longpont. Nous ne pouvions nous pas en rester là et c’est à ce moment que m’est venue l’idée de créer une commission, la commission Mission-Moyen regroupant des adultes, regroupant des jeunes, j’allais dire de toute race et de toute conviction, pour reprendre cet événement de rassemblement et voir quelle suite lui donner et quelle proposition faire au peuple de Dieu qui vient de vivre un événement diocésain.  Et quelques mois après la création de cette commission mission- moyen, je recevais tous les acteurs et ils me proposaient, entre autres choses, la convocation d’un synode. Ce fut le premier synode. Alors dans le  questionnement de notre évêque, oui mais des convictions à toi est ce que spirituellement ça t’a enrichi ou au contraire après avoir vécu cet événement là tu restes septique  ? Alors je dois dire que j’étais habité par de fortes convictions de foi et je les avais intériorisées dans mon travail avec mes archevêques de Reims. C’étaient des évêques conciliaires, et nous nous souvenons pour les personnes   les plus âgés de de notre groupe qui ont connu les évêques de cette époque-là, nous pouvions dire “ils se sont convertis”.
 Il s’agit de nous soumettre ensemble au principe de communion qu’est l’Esprit Saint.  C’est la tâche  d’un synode. C’est extraordinaire !

 À l’écoute de l’Esprit, je crois que dans ce premier synode, nous avons découvert que rien de ce qui était vécu par les uns les autres ne pouvait nous laisser indifférents. Pas question de se replier sur soi-même c’est fondamental. Alors dans cette expérience synodale que je faisais avec des diocésains, j’ai vécu 3 moments de la méditation du rosaire : mystères joyeux, mystères douloureux mystère glorieux; donc n’ayons pas peur du facteur temps !

Après l’annonce joyeuse de la convocation du peuple de Dieu en Essonne, je me rappelle encore la soirée que j’ai passée avec les membres de la commission, on était enthousiaste on allait repartir,  j’eus très vite conscience de vivre une aventure qui me dépassait et qui pouvait me faire peur, mais rencontre après rencontre, en assemblée synodale, composée de 500 personnes si ma mémoire est bonne,  dont la majorité était élue par des assemblées de secteur, je sentis que progressivement nous passions de “faire triompher son point de vue”, la bagarre, à “l’écoute et à l’accueil de l’autre” pour une véritable richesse, enfin  à l’engagement dans la foi vers un large consensus au service de la mission. Je me rappelle que nous n’avions voulu faire aucune élection pendant le synode, elles ont été faites à la dernière session et  disons que les propositions que nous avons faites,  ont toutes été reconnues à 93% des votants. 

Mes chers frères prêtres, je termine en vous disant : un synode c’est une grâce, ce n’est pas un événement banal et qui doit nous marquer profondément et cette grâce elle nous a offerte, il faut l’accueillir !

Et pour terminer je voudrais donner un écho d’une observation de Jean-Pierre Nave, membre de la communauté du chemin Neuf qui nous a quittés il y a peu de temps en fait, et qui avait pour mission dans le synode d’être rédacteur chaque jour de ce qui se passait.  Il écrivait au lendemain du synode : “le synode est terminé, il reste à inscrire dans le quotidien de la vie de notre Église ce que nous avons découvert ensemble. Tout reste à faire pour mettre en œuvre ce qui a été voté et promulgué !”

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