Le Saint-Siège a publié le 18 décembre 2023 une déclaration doctrinale intitulée « Fiducia supplicans » (la confiance suppliante) pour préciser la signification pastorale des bénédictions de couples en situation particulière : couples en difficulté, couples engagés dans une nouvelle union après un divorce, personnes homosexuelles. Ce document du dicastère pour la doctrine de la foi, co-signée par le pape François, précise dans quelles conditions il est possible d’accompagner et de bénir ces couples.
Cette déclaration a déjà fait couler beaucoup d’encre. Certains se réjouissent de voir une avancée dans l’accueil et l’intégration de ces personnes. D’autres sont troublés, n’admettant pas « qu’on assimile des situations qui sont très différentes ». Pourtant, ce texte a le mérite de fixer un cadre précis de ce qui est possible comme de ce qui ne l’est pas. Regardons-le de plus près pour se l’approprier et pouvoir en discuter.
Tout d’abord, il replace le sens de la bénédiction qui nous ramène à notre condition commune de pêcheurs : « La grande bénédiction de Dieu est Jésus Christ, c’est le grand don de Dieu, son Fils. C’est une bénédiction pour toute l’humanité, c’est une bénédiction qui nous a tous sauvés. Il est la Parole éternelle avec laquelle le Père nous a bénis “alors que nous étions encore pécheurs” (Rm 5, 8) » Nous comprenons alors que la bénédiction, puisqu’elle est le Christ, est bien pour tous, indépendamment des péchés de chacun.
Néanmoins, il est important que tout soit clair dans le cœur de ceux qui demandent un soutien de Dieu pour vivre leur foi afin qu’il ne soit entretenu aucune confusion entre des situations qui ne peuvent être assimilables. C’est pourquoi il est précisé que « cette déclaration reste ferme sur la doctrine traditionnelle de l’Église concernant le mariage, n’autorisant aucun type de rite liturgique ou de bénédiction similaire à un rite liturgique qui pourrait prêter à confusion. »
Il est également dit que les bénédictions de couples en situation complexe (c’est-à-dire les couples divorcés engagés dans une nouvelle union et les couples homosexuels) ne peuvent se faire à la suite d’une union civile, ni même dans des vêtements qui peuvent faire penser à un mariage. Les conditions sont donc clairement énoncées.
En référence à l’exhortation apostolique « Amoris Laetitia », il est rappelé que la miséricorde, proposée par l’Évangile, invite à l’accueil, à l’accompagnement, au discernement et à l’intégration de tous, afin que tous puissent bénéficier de la grâce de Dieu et s’entendre affirmer que le Seigneur les aime et les accueille tels qu’ils sont. La bénédiction, demandée comme un soutien à suivre le Christ, peut donc leur être accordée, et c’est le propos développé dans cette déclaration doctrinale.
Gardons en mémoire ce conseil du pape François : « Il faut éviter des jugements qui ne tiendraient pas compte de la complexité́ des diverses situations ; il est également nécessaire d’être attentif à la façon dont les personnes vivent et souffrent à cause de leur condition. » (Pape François, Amoris Laetitia n° 296)
Chaque personne est unique et doit être accompagnée pour relire sa vie de foi à la suite du Christ. Dans notre diocèse qui vient de vivre son 4ème synode, qu’est-il possible de mettre en œuvre, en lien avec les actes du synode pour « rencontrer et accompagner les personnes dans leurs diverses situations de vie » ?
Véronique Gauthier
pour la pastorale des personnes divorcées
Claude Pillard
pour la pastorale des personnes concernées par l’homosexualité