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Appel décisif – Dimanche 18 février 2024

Appel décisif – Dimanche 18 février 2024

Homélie de Mgr Michel Pansard

Chers amis chrétiens catéchumènes, après un long temps de préparation vous m’avez écrit pour me faire part de votre volonté de devenir chrétiens en recevant les sacrements qui initient à la vie chrétienne.

Je suis heureux, entouré des disciples du Christ de cette paroisse Notre-Dame-de-Toute-Joie et de tous ceux qui vous accompagnent, de répondre à votre demande.

Au nom de l’Église, je vous adresse aujourd’hui l’appel décisif à franchir la dernière marche pour devenir chrétiens par votre engagement de vie mais aussi par les sacrements qui célèbrent et donnent l’engagement de Dieu.

Je vous redis aujourd’hui l’appel décisif lancé par Jésus dans l’Évangile que nous venons d’entendre : “Les temps sont accomplis ; le règne de Dieu s’est approché (Dieu est tout proche). Convertissez-vous et croyez à l’Évangile (la bonne nouvelle : ce qui est bon et nouveau de la part de Dieu pour les hommes que Dieu aime)”.

Cet appel, vos frères et sœurs chrétiens baptisés l’ont réentendu mercredi dernier en recevant les cendres.

Frères et sœurs chrétiens baptisés, ces futurs chrétiens au milieu de nous nous rappellent l’engagement et le dynamisme de notre baptême. Ils comptent aussi sur nous par notre prière et présence fraternelle pour que nous les soutenions dans leur chemin de conversion.

Car on ne devient pas chrétien simplement de façade sans se convertir, mais parce que la parole de Dieu proposée par l’Église, change nos vies et que la grâce de Dieu nous fait entrer dans une vie nouvelle.

Jésus ne dit pas convertissez-vous d’abord puis, ensuite croyez !

Il nous faut entendre : convertissez-vous en croyant à l’Évangile !

Convertissez-vous, changez de regard et d’orientation de vie en accueillant le regard de Dieu sur vos vies, en accueillant la proximité de Dieu à vos vies, en croyant à ce qui est bon et nouveau de la part de Dieu pour les hommes.  

Pour exprimer votre demande, la plupart d’entre vous me raconte ce qui vous est arrivé. Comment à travers bien des méandres de vos histoires humaines :

  • épreuves de santé ou de la mort d’un proche ;
  • questionnement sur le sens de votre vie avec une soif de sens et de bonheur qui n’était pas comblée ; 
  • recherche d’un chemin de vie véritable, le chemin d’une vie donnée, une vie qui aime, le chemin qu’est Jésus ;
  • expérience de donner la vie ou d’aimer qui s’émerveille devant le mystère de la vie et de l’amour ;
  • expérience de vos pauvretés et fragilités et d’avoir trouvé un point d’appui, en regard, un amour qui vous porte ;
  • expérience de fraternité en rencontrant des frères et sœurs dans nos communautés et sortie de solitude.

Oui combien à travers bien des méandres de vos vies d’hommes et de femmes, vous avez perçu et appris, chemin faisant à l’écoute des Écritures, à reconnaître et goûter la proximité de Dieu, et fait la découverte en Jésus le Christ de l’amour de Dieu.

Cela a changé votre point de vue, votre regard sur vous-même, sur les autres et sur Dieu lui-même au point que plusieurs d’entre vous m’écrivent, « ceux qui me connaissent me disent que j’ai changé ».

Oui, l’expérience du regard aimant de Dieu, la foi en Lui, l’Évangile change la vie.

N’oubliez pas qu’avant même de mettre votre foi en Lui, c’est Lui Dieu le premier qui vous a cherché, vous a aimé. C’est Lui, le premier, qui vous connaît et vous aime. Tout au long de vos vies, le Seigneur n’a cessé de frapper à votre porte pour faire alliance avec vous.

Le livre de la Genèse évoque « au commencement » le projet bon de Dieu qui suscite la vie et l’humanité à sa ressemblance.

Il évoque comme en résumé, comment les hommes passent à côté de l’alliance et de l’amitié que Dieu leur propose. La jalousie de Caïn met à mort son frère, l’ambition des hommes leur tourne la tête, Babel… manifeste à un moment que plus rien ne fonctionne dans l’alliance proposée !

Que va faire Dieu ? Est-ce que comme nous, quand nous sommes déçus, quand notre amour est déçu, il va réagir avec colère ? Les détruire ou les abandonner à eux-mêmes et leur capacité d’autodestruction ? Faire table rase et tout recommencer à zéro, comme avec le déluge ?

Mais ! car il y a un « mais ». Dieu se souvint de Noé et tous les êtres vivants de l’arche 8,1. « Jamais plus je ne maudirai le sol à cause de l’homme : le cœur de l’homme est enclin au mal dès sa jeunesse, mais jamais plus je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait » (8, 21). Et Dieu renouvelle son Alliance avec Noé et ses fils, avec leur descendance et tous les êtres vivants… (9, 12)

Un signe est donné, signe de la fidélité de Dieu et la patience de Dieu dont témoigne les écritures. Quand bien même nous serions infidèles Lui, Dieu, reste fidèle à son alliance même si elle se heurte à la dureté des cœurs, à la paresse des hommes, à leur indifférence, à leur volonté de puissance…

Autrement dit, Dieu invente une réponse à partir des hommes tels qu’ils sont, avec le mal et les infidélités, les replis sur eux-mêmes (le péché) dont ils sont capables. La lettre de Pierre a évoqué cet épisode comme une annonce du baptême.

Autrement dit pas question pour Dieu de nous jeter comme il nous arrive de jeter quelque chose ou de jeter quelqu’un dont nous n’avons plus besoin. La vengeance, la mort n’est pas le projet de Dieu. Et pour mettre en œuvre son alliance, il ne va pas détruire mais s’engager encore plus, renchérir sur le péché.

Et pour cela Dieu s’engage radicalement, passionnément en Jésus son Fils. C’est ce que la lettre de l’apôtre Pierre nous a rappelé :  » Car le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu ; il a été mis à mort dans la chair, mais vivifié dans l’Esprit. » 1 P 3, 18-19

Oui, le Christ est venu pour nous sauver, nous libérer. C’est-à-dire pour que notre liberté participe au salut, à la vie, à l’alliance qu’il nous donne.

Aussi, frères et sœurs chrétiens catéchumènes et chrétiens baptisés,

  • C’est en nous appuyant sur cette conviction que Dieu nous sauve, nous libère, nous entraîne dans la vie éternelle
  • C’est aussi avec cette conviction que Dieu veut faire de chacun et de chacune d’entre nous des acteurs, des coopérateurs de l’alliance qu’il veut avec lui et entre nous. N’est-ce pas ce à quoi l’apôtre Pierre nous invitait : ”le baptême ne purifie pas de souillures extérieures, mais il est l’engagement envers Dieu… et il sauve par la résurrection de Jésus Christ » 1 P 3, 21

que nous entrons dans ce temps du carême et d’ultime étape vers le baptême.

Ce temps privilégié pour accueillir et croire à l’Évangile et poursuivre le chemin de conversion d’ajustement de notre vie à cet Évangile. Ce temps privilégié pour nous ajuster en nous engageant davantage dans la prière, en étant davantage attentifs au prochain, en vérifiant par le jeûne, notre liberté ou combien nous sommes encore dépendants d’addictions, d’habitudes ou d’idées toutes faites et donc combien nous avons encore besoin d’être sauvés.

Ce temps n’est pas sans combats, sans résister aux tentations de nous replier sur nous-mêmes et sans demander l’aide de Dieu.

Avec les prêtres et les diacres qui m’entourent, nous portons la couleur violette parce que, avec tous nos frères et sœurs chrétiens, nous nous préparons à renouveler la promesse de notre baptême. Et nous allons aussi déposer sur vos épaules une écharpe violette.

Et nous avons conscience qu’il y a encore dans notre vie des aspects, des paroles, des actes qui ne sont pas ajustés sur l’alliance et la vie que l’Évangile qu’est le Christ, nous propose.

Nous avons conscience que nous avons encore tous besoin que le Christ, par sa résurrection, nous arrache à la mort et nous mène à la vie.

Lorsque vous recevrez les sacrements qui initient à la vie chrétienne, cette écharpe violette sera enlevée et c’est de blanc que vous serez revêtus signe de la nouveauté de la vie dans laquelle le Christ vous, nous entraîne en ayant « les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » Ph 2,5 ; en nous laissant entraîner jour après jour dans une vie donnée, une vie qui aime comme lui nous a aimés.« Comme je vous ai aimé, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres ». Jn 13, 34-35

                                                                                                                  Amen

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