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Paroles de l'Évêque

Edito pour la rentrée pastorale 2023.

Edito pour la rentrée pastorale 2023.

Savons-nous encore rêver de justice et de paix ?

C’est la rentrée ! Notre vie personnelle, la vie de nos communautés comme celle de notre monde se poursuit avec « ses joies et ses espoirs, ses tristesses et ses angoisses ».
Tristesses et angoisses devant l’ampleur des feux au Canada, en Grèce, en Espagne… devant le cimetière des personnes migrantes que sont la Manche et la Méditerranée, devant la guerre en Ukraine et cette guerre mondiale en morceaux en tant de lieux de tension de notre planète ; devant la violence de faits divers répétés en boucle …
Oui tristesses et angoisses nous habitent devant les épreuves de la vie et celles de nos proches et devant la détérioration de notre planète et les détériorations sociales qui, à moins que nous soyons totalement indifférents, nous touchent tous.
Tristesses et angoisses avec l’anxiété, la peur et le découragement qui les accompagnent peuvent nous replier sur nous-mêmes et interrompre la marche, anesthésier notre regard, éteindre nos rêves.

Avez-vous remarqué que le Pape François invite souvent les jeunes à ne pas se laisser voler leurs rêves. Il nous invite tous à oser rêver. Rêver, pour lui, n’est pas une fuite de la réalité ou l’expression d’une utopie irréalisable. Le rêve est un ferment, une capacité d’imaginer et de créer les conditions de sa réalisation au-delà de ce qui s’impose immédiatement à notre regard. Rêver peut susciter en nous des capacités pour changer et transformer ce monde, pour construire la justice et la paix, pour nous entraîner ensemble à vivre un « nous » qui habite notre maison commune. Cf Fratelli tutti, 4, 8, 30, 37, 127, 150, 287.)

« Je forme le vœu, dit le Pape dans l’encyclique Fratelli Tutti, qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité. Tous ensemble : ‘Voici un très beau secret pour rêver et faire de notre vie une belle aventure’. […] Rêvons en tant qu’une seule et même humanité, comme des voyageurs partageant la même chair humaine, comme des enfants de cette même terre qui nous abrite tous, chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères » (Fratelli Tutti 8).

Ou encore lors d’une rencontre avec des jeunes : « Les rêves sont importants. Ils gardent notre regard large, ils nous aident à embrasser l’horizon, à cultiver l’espérance dans toutes nos actions quotidiennes. Et les rêves des jeunes sont les plus importants de tous. Un jeune qui ne sait pas rêver est un jeune anesthésié ; il ne pourra pas comprendre la vie, la force de la vie. Les rêves te réveillent, t’emmènent plus loin, ce sont les étoiles les plus lumineuses, celles qui indiquent un chemin différent pour l’humanité. Voilà, vous avez dans le cœur ces étoiles brillantes que sont vos rêves : ils sont votre responsabilité et votre trésor. Faites qu’ils soient aussi votre avenir ! Et c’est le travail que vous devez fournir : transformer les rêves d’aujourd’hui dans la réalité de l’avenir et pour cela, il faut du courage… »  

Les rêves auxquels le Pape nous invite et qui correspondent à ceux de l’Évangile sont un autre mot de l’Espérance. L’Espérance lucide dont témoignent en particulier les prophètes. Leurs regards et leurs paroles témoignent d’une résistance, d’une protestation au cœur de situations mortifères pour le peuple ou pour eux-mêmes. C’est l’attitude de la foi comme espérance. Ils ne nient pas la réalité des événements mais ils s’opposent à l‘interprétation courante de leurs contemporains en proclamant à temps et à contre temps que ces interprétations n’épuisent pas la réalité. Les prophètes témoignent que le présent n’acquiert tout son poids, tout son sens que par la promesse passée de Dieu de ce qui sera dans l’avenir, « pleinement convaincu que ce qu’Il a promis, Il est capable aussi de le faire ». Rm 4, 21.

C’est sans doute aussi pour cela qu’à Lisbonne le Pape François a dit aux jeunes :« Mes amis, chers jeunes, nous avons aujourd’hui encore besoin d’un peu de lumière, d’un éclair de lumière qui soit espérance pour affronter tant d’obscurité qui nous assaillent dans la vie, tant de défaites quotidiennes, pour y faire face avec la lumière de la résurrection de Jésus » Homélie du la messe de clôture des JMJ

Il les a invités plusieurs fois à ne pas avoir peur, comme Jésus le fait souvent avec ses disciples. « à vous qui nourrissez de grands rêves mais souvent obscurcis par la crainte de ne pas les voir réalisés; à vous qui pensez parfois ne pas y arriver – un peu de pessimisme nous assaille parfois – ; à vous, jeunes, qui, en ces temps, êtes tentés de vous décourager, de vous juger peut-être inadaptés ou de cacher la douleur en la masquant d’un sourire ; à vous, jeunes, qui voulez changer le monde – et c’est bien de vouloir changer le monde – et qui voulez lutter pour la justice et la paix ; à vous, jeunes, qui y mettez votre engagement et votre imagination, bien que cela vous semble ne pas suffire; à vous, jeunes, dont l’Église et le monde ont besoin comme la terre a besoin de pluie ; à vous, jeunes, qui êtes le présent et l’avenir ; oui, précisément à vous, jeunes, Jésus dit aujourd’hui : « N’ayez pas peur ». » Homélie du la messe de clôture des JMJ dimanche 6 août.

Il les a invités à « Marcher. Et si je tombe, je me relève ou quelqu’un m’aide à me relever ; ne pas rester à terre ; et m’entraîner, m’entraîner à marcher…  cela s’apprend. Cela s’apprend des parents, cela s’apprend des grands-parents, cela s’apprend des amis, en s’aidant mutuellement. Dans la vie, on apprend, et c’est un entraînement à la marche. Je vous laisse avec ces idées. Marcher et, si l’on tombe, se relever ; marcher avec un objectif ; s’entraîner chaque jour de la vie. Dans la vie, rien n’est gratuit, tout se paie. Une seule chose est gratuite : l’amour de Jésus ! Alors, avec cette gratuité que nous avons – l’amour de Jésus – et avec la volonté de marcher, marchons dans l’espérance, regardons nos racines et avançons, sans peur. N’ayez pas peur. Je vous remercie ! Au revoir ! ». Veillée avec les jeunes samedi 5 août

Que le temps de la création qui s’ouvre jusqu’au 4 octobre avec l’ouverture du synode romain sur la « synodalité », soit l’occasion de rêver « Que la justice et la paix se répandent » sur notre terre et de renouveler notre relation avec notre créateur, toute la création et nos frères et sœurs en humanité. Bonne rentrée !

Fraternellement

+ Michel PANSARD
Évêque d’Évry – Corbeil-Essonnes

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