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Paroles de l'Évêque

Homélie à l’occasion de la promulgation des actes du Synode

Homélie à l’occasion de la promulgation des actes du Synode

Frères et sœurs bien-aimés de Dieu,

Nous connaissons cet hymne à l’amour (1 Co 13). Comme les béatitudes, il parle au cœur des chrétiens mais aussi au cœur de nombreux frères et sœurs en humanité qui aiment.

« Tout est lié ! » aime rappeler le Pape François et ce n’est pas nouveau. Nous venons de l’entendre, ces trois demeurent et sont liées : la foi, l’espérance et la charité. Mais la plus grande des trois c’est la charité. C’est elle qui fait de la foi une foi vivante et non pas morte, c’est elle qui fait de l’espérance, une persévérance lucide et non pas une illusion.

Peut-on espérer en quelqu’un sans lui faire confiance ? Peut-on lui faire confiance sans aimer, sans l’aimer ?

L’amour, la charité ou l’agapè n’est pas seulement fait de bons sentiments. L’amour est bienveillant, il rend service, il prend soin.

D’ailleurs, quand on y pense, notre monde tiendrait-il sans tous ceux qui humblement et chaque jour croient, espèrent et aiment ?

L’apôtre Paul en est convaincu, la foi, l’espérance et la charité sont inséparables, se soutiennent et se confortent mutuellement.

Nous les nommons vertus théologales, c’est-à-dire énergies, dynamismes, dons de l’Esprit qui nous entraînent à aimer comme le Seigneur nous a aimés. Oui, « tout est lié ! »

Comme la première génération des disciples du Christ, les disciples d’aujourd’hui savent que le Seigneur compte sur eux et les envoie dire ce qu’il dit et faire ce qu’il fait (Lc 10, 1-24) comme lui-même a été envoyé (Jn 20, 21).

Il les envoie deux par deux, manière de nous rappeler que la mission ne peut être vécue en solitaire, mais toujours solidairement.

Cette mission que le Seigneur confie à son Église, s’exprime traditionnellement à travers trois grands services qui caractérisent, comme des poupées gigognes, notre vie personnelle, les ministères, la vie des communautés.  

  • Être roi, prophète et prêtre comme nous l’entendons au baptême.
  • Vivre un triple service
    • Le service de la charité-solidarité désintéressée,
    • Le service du témoignage et de l’annonce de ce qui est bon et nouveau de la part de Dieu pour les hommes,
    • Le service de la louange et de la grâce de Dieu pour reprendre souffle en Lui et prendre appui sur Lui et non seulement sur nous-même.

Comme sur un trépied, nous tenons plus solidement et joyeusement dans la vie et la mission en vivant ces trois attitudes, plutôt que deux ou une. « Tout est lié ! »

Si nous sommes un peuple, si nous sommes, avec toutes nos diversités, membres d’un corps où chacun reçoit la part de l’Esprit pour le bien du corps entier, nous sommes liés les uns aux autres.

L’autre est mon frère ou ma sœur parce que ce que le Christ a fait pour lui, il l’a fait aussi pour moi et qu’ensemble nous prions Dieu en osant dire Père, Notre Père.

Pour marcher ensemble, tous les baptisés ont une égale dignité, tous ont un rôle à jouer dans l’Église.

Pour marcher ensemble, il faut aussi s’organiser avec des services, des responsabilités, de l’autorité à exercer par des personnes, des équipes.  

L’autorité se doit d’être toujours au service des autres engagements, services et vocations. Elle travaille toujours à rendre les autres « auteurs ».

Elle veille à ne pas abandonner en particulier les plus fragiles, les plus faibles ou les plus jeunes sur le bord du chemin. Ils ne peuvent pas être seulement des objets de notre attention, ils sont des sujets actifs dans notre marche ensemble, car « tout est lié ! ».

La charité ne fait rien qui soit déplacé, inconvenant, laid ou ambigu, en particulier en ce qui concerne le respect de la dignité et de l’intégrité des personnes.

« Tout est lié ! » L’annonce de l’Évangile et la justesse, la cohérence des attitudes pastorales et éducatives pour que notre Église soit une maison sûre. Nous savions que la réalité des abus envers des mineurs était aussi présente dans l’Église, mais le rapport de la CIASE (Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église) nous a tous bouleversés par la rigueur de son analyse et la dimension systémique du problème. La vigilance, la formation et la mise en pratique de la charte de bienveillance font aussi partie de cette charité qui est incompatible avec les abus sexuels, abus de pouvoir ou abus de conscience.  

Le Pape François nous alerte sur la détérioration de notre planète et les détériorations sociales. Même si notre prise de conscience n’est pas achevée, les questions d’environnement, de développement, de solidarité avec les plus pauvres, ne sont pas des questions secondaires pour la foi chrétienne.

La façon dont nous vivons et prenons soin de notre environnement, de notre maison commune et de notre fraternité en construisant des ponts plutôt que des murs, est révélatrice de notre la relation à Dieu et de notre réponse à Celui qui confie aux hommes le soin de sa création, maison commune de toute humanité.

Nous avons parfois des manières d’aimer qui détruisent ce que l’on aime, en le consommant comme le chocolat par exemple. Ce n’est pas ainsi qu’une mère aime son enfant, elle aime en s’émerveillant de la vie, elle aime en prenant soin.

Si les jeunes générations nous poussent à agir et à convertir sérieusement nos modes de vie, à ne pas nous contenter de mesurettes, il nous faut avec elles entretenir une capacité d’émerveillement, de contemplation et d’intériorité. « Tout est lié ! »

C’est au service de tout cela qu’est notre culte quand il nous invite :

  • À nous émerveiller car nous ne sommes pas la source de notre existence, nous l’avons reçue,
  • À louer Dieu qui suscite et re-suscite la vie,
  • À intercéder,
  • À rendre à Dieu la grâce qu’Il nous a faite et à nourrir notre vie de Celui qui est la parole engagée de Dieu contre ce qui fait mal aux hommes, et donne sa vie par amour pour nous. Cette nourriture vitale nous entraîne à faire de nos vies des vies données, des vies qui aiment dans la vie concrète et quotidienne, habitées par l’Esprit.

C’est là, dirait saint Paul, notre culte spirituel, la juste manière de rendre un culte à Dieu. (Rm 12, 1)

Enfin, parce qu’en chacune de nos vies aussi, tout est lié, joies et espoirs, tristesses et angoisses, bon grain et ivraie, glaise et esprit, haut et bas, sainteté et péché et aussi parce que la vie des hommes est complexe et compliquée dans l’hypermarché des discours, des modes successives, des choix et des comportements possibles, porter seuls notre vie risque d’être réservé à des forts et des bien portants.

Or l’Évangile est aussi pour les petits, les pauvres, les malades et les pécheurs que nous sommes aussi.

C’est pour prendre soin les uns des autres, disciples du Christ que nous souhaitons que se développent dans les quartiers, les villages, la même barre d’immeuble… des petites communautés, petites équipes de partage et de soutien fraternel de foi et de vie, pour comme de bons supporters, nous porter, nous supporter les uns des autres.

« Tout est lié ! » Prendre soin, aimer, est un de ces liants.  

Amen

+ Michel Pansard
Évêque d’Evry-Corbeil-Essonnes
samedi 8 octobre 2022

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