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Paroles de l'Évêque

Ordination diaconale de Franck Valadier – Étampes, samedi 4 juillet 2020

Ordination diaconale de Franck Valadier – Étampes, samedi 4 juillet 2020

Frères et sœurs bien aimés de Dieu !

Il y a tant de raisons de douter, il y a tant de raisons d’hésiter quand on n’y voit pas clair, quand on ne sait pas où l’on va, quand tant de voix nous susurrent aux oreilles que rien n’est sûr, tout est fragile à commencer par nous-mêmes. Il y a tant de raisons à vue humaine de penser que s’engager pour la vie est présomptueux ou impossible.

Peut-on alors s’engager pour la vie comme Franck le fait aujourd’hui ? Et peut-être que certains d’entre nous vivent cette célébration avec un mélange de joie et d’appréhension. Sur quoi fonder un tel engagement et surtout la fidélité à l’engagement pris pour la vie ? Ce qui est vrai pour Franck aujourd’hui, est vrai pour chacun d’entre nous qui avons pris un engagement vital.
Je pense :

  • à l’engagement de notre baptême ;
  • à l’engagement de beaucoup dans une histoire d’alliance entre un homme et une femme, dans le sacrement de mariage ;
  • à notre engagement dans le ministère apostolique comme évêque, prêtre et diacre, par le sacrement de l’ordre.

Je pense aussi à l’engagement de nos vies. Cette vie, que chacun de nous a reçue, et qui, depuis notre conception, est fragile et précaire, comment la vivre ? Au jour le jour se joue la réponse dans le maintenant de chacune de nos vies.

L’ordination de Franck nous place tous devant l’originalité de nos engagements dans l’histoire de nos vies d’hommes et de chrétiens.
Croire en Dieu, être chrétien, ne nous fait pas vivre en dehors des vicissitudes, des conflits et des obscurités de nos histoires personnelles, comme de l’histoire des hommes.
À certains moments de nos vies, nous sommes comme le peuple de Dieu au temps du prophète Amos. Celui-ci dénonce l’écart grandissant entre pauvres et riches, écart qui n’émeut plus personne. Il annonce qu’opprimer les indigents, broyer les pauvres… entraîne le peuple de Dieu à sa perte.

En effet, qu’est-ce que l’Alliance unissant Dieu à son peuple, et qu’est-ce qu’un culte, si les exigences du droit et de la justice ne sont plus respectées ? Vous ne pouvez continuer comme cela, cela va s’écrouler !

Il ne se contente pas de dénoncer, il annonce une espérance comme dans le passage que nous venons d’entendre. S’il dénonce, ce n’est pas pour être un prophète de malheur mais pour être porteur de ce qui est bon et nouveau de la part de Dieu, serviteur de l’Évangile de Dieu pour son peuple, pour les hommes que Dieu aime. Car Dieu est fidèle à ses promesses quand bien même nous ne le sommes pas.

Franck, ta vie de d’homme et de chrétien n’a pas été sans hauts et bas. Durant ton temps de formation et de discernement, tout en acquérant les compétences nécessaires, tu as pu éprouver et discerner les aptitudes nécessaires au ministère que tu vas recevoir. Tu sais bien que tu n’es pas un surhomme, tu sais bien que les bons sentiments ne sont pas suffisants. Une volonté lucide et active est nécessaire pour vouloir vivre vraiment et avec ténacité l’engagement que tu vas prendre.
C’est par un « Oui, je le veux » que tu vas répondre aux questions que je vais te poser : Franck promets-tu ? 
Ta réponse va exprimer ton engagement dans un ministère et une vie de service qui n’est pas sans contenu, sans exigences, sans fidélité.
Tu vas promettre, c’est pour tenir.
Tu vas le dire c’est pour le vivre.

Une tentation nous menace, celle de vouloir et de croire pouvoir tout maîtriser, tout prévoir et avoir des assurances tous risques.
Il ne nous est pas demandé d’être inconscients, sans réflexion ni mesure de nos capacités à mener à bien une aventure. 
Mais, nous le savons aussi, le propre de toute vie humaine est d’avancer sur le chemin de la vie sans connaître à l’avance le cours et les détails de toutes les étapes de notre vie. La Covid 19 nous l’a rappelé.

C’est vrai aussi du ministère que tu vas recevoir par l’imposition de mes mains et le don du Saint-Esprit.
Tu connais les richesses et les pauvretés de ta vie, tu connais les forces et les fragilités de nos paroisses, de nos mouvements, du diocèse, les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps…
Je ne serais pas sérieux et vrai si je te disais que chemin faisant tu n’éprouveras que de la joie, que de la satisfaction, que du succès apostolique, que la récolte de la moisson. Il y aura inévitablement des épreuves à traverser, des changements inévitables à vivre, de la patience éprouvée, des incompréhensions, des déceptions venant de toi, des chrétiens, de l’Église, venant de nos freins à la conversion à l’Évangile, venant de nos tentations à vouloir faire tenir le vin nouveau de l’Évangile dans des vieilles outres !

  • Ton engagement responsable et réfléchi, tu vas l’exprimer par un : « je le veux ».
  • Mon engagement et celui de l’Église, éclairés par l’avis du conseil du séminaire est un choix : « nous te choisissons dans l’ordre des diacres ».
  • L’un et l’autre ne se comprennent que dans la foi d’être appelés les uns et les autres à travailler non pas à notre compte mais à l’œuvre de Dieu.  
  • Oui je le veux… oui je le veux et tu vas ajouter « avec la grâce de Dieu ».

Avec la grâce de Dieu ! Franck, c’est l’engagement de Dieu pour nous, sa fidélité qui est le meilleur point d’appui pour ton engagement et de ta fidélité.

Pour cela, ne rêve pas le travail de Dieu.
À l’école de Marie, la Mère du Seigneur, sois attentif à la manière dont Dieu travaille dans ta vie et dans celle de ceux que tu rencontres.

Avec Marie, comme avec l’apôtre Paul, n’oublie jamais de rendre grâce pour ce que le Seigneur fait de bon et de nouveau dans la vie de ceux qui mettent leur foi en Lui. Avec cette certitude que ce que le Seigneur a commencé, il le mènera à son achèvement comme je te le dirai tout à l’heure.

Pour vivre ce ministère que tu reçois, tu porteras le souci de l’Église, et tout d’abord, de notre Église diocésaine, en particulier dans la prière de louange et d’intercession de la liturgie des Heures qui rythmera tes journées.  L’Église, est un peuple de priants, et le ministère que tu vas recevoir s’affadirait s’il n’était enraciné dans cette prière constante.
Dans la vie de Jésus, dans nos vies, prière et action sont deux réalités complémentaires, indispensables, pour toute vie chrétienne. Attendre béatement dans la prière, sans rien faire, serait totalement inefficace. Comme d’ailleurs serait totalement inefficace un activisme débordant sans l’accompagnement de la prière.

Dans ton ministère de diacre, avec les autres diacres, sois serviteur avec le Christ. Sois comme Jésus, attentif à la vie des hommes et des femmes, attentif particulièrement aux plus petits, aux plus démunis, démunis de biens, démunis de pain, de santé, démunis aussi de foi, d’espérance et d’amour dans la vie actuelle. Et veille à ce que nos communautés chrétiennes y soient aussi attentives.

N’oublie jamais, même quand tu seras devenu prêtre, tu restes diacre. Et le diacre est toujours ordonné pour le service de la charité. Il a la charge de manifester que la mission de l’Église s’inscrit à la suite du Christ serviteur. De même que le Jeudi Saint, nous ne pouvons séparer l’institution de l’Eucharistie du lavement des pieds, de même, depuis ses origines, le diaconat est toujours apparu comme à la fois le service de l’eucharistie et le service de la charité fraternelle. Pas de l’une ou de l’autre, mais des deux en même temps.
D’une manière particulière tu auras à veiller et à aider l’Église à ne pas se payer de mots et à assurer une présence active de la charité auprès de ceux qui en ont besoin et en prenant la tenue de service, la tenue qui est la nôtre à tous au sortir du rassemblement eucharistique pour vivre de ce que nous avons tous reçu.

L’engagement dans ce service s’exprime aussi dans le choix que tu fais de vivre un célibat chaste. Ce choix est souvent incompris. En le faisant, tu fais le choix d’une façon de te donner, d’une façon d’aimer les autres et de les accueillir. Dans la vie diaconale puis presbytérale, le choix du célibat chaste est le choix d’un amour pour le Christ et pour les membres de son corps qu’est l’Église. Ce choix, comme tout don d’amour est un don de vie. Ce choix s’exprime aussi dans un don du corps, parce que là où est notre corps, là aussi est notre cœur. Tu t’engages à ne donner ton corps, ta vie, à personne d’autre qu’au Christ et qu’au service des membres de son corps, qu’au service de ceux qu’il appelle « ses frères ou sœurs », en privilégiant toujours les petits, les pauvres, les malades et les pécheurs… Tu le fais aussi parce ce que tu as expérimenté que Dieu est à l’œuvre en cet âge et qu’il peut donner à ta vie une fécondité.

Amen

Télécharger l’homélie de Mgr Pansard

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