l'Évêque

Paroles de l'Évêque

Savoir se reposer !

Savoir se reposer !

L’invitation lancée un jour par le Seigneur Jésus à ses disciples nous concerne. « Venez à l’écart dans un endroit désert et reposez-vous un peu » cf. Mc 6, 30-44.
L’été est pour beaucoup un temps de repos et de rencontres. Les uns le vivent comme un farniente, d’autre comme un temps d’activités ou suractivités choisies où il ne faut pas perdre une minute. D’autres sont à la tâche, les moissonneurs récoltent le fruit de la terre et du travail des hommes, les artisans de la fête nous proposent de spectacles, ceux qui rendent possibles nos activités de loisirs et de tourismes, les grands parents qui vont accueillir enfants et petits -enfants et tous ces anges gardiens qui veillent sur notre sécurité ou sont de garde dans les hôpitaux, les Ehpad…
Pour d’autres c’est la lutte incessante du quotidien pour survivre, pour trouver les moyens de satisfaire les besoins basiques de nourriture, d’eau, de toit, de sécurité, de travail… avec une inquiétude qui est une tension permanente. Cette inquiétude habite aussi le cœur de parents inquiets pour l’avenir de leurs enfants, de responsable inquiet pour la réussite de leur projet, de personnes malades ou dépendantes…cette inquiétude peut occuper toute notre vie et nous laisser sans repos. Pour d’autres enfin, l’été est un temps renforcé de solitude et d’ennui.
Et si se reposer n’était pas simplement une parenthèse, la réponse à un besoin biologique ou le besoin de décompresser un peu ou de changer d’air, toutes choses importantes par ailleurs ! Le repos auquel le Seigneur invite dans ce passage d’évangile n’est pas une fuite pour échapper au travail, aux soucis de la vie, du service, de la vie familiale ou professionnelle. C’est une manière de les retrouver en retrouvant le cœur ou le pourquoi fondamental de ce qui nous fait courir et servir et donner et nous donner, en un mot vivre.
Se reposer c’est accepter de lâcher prise, ce qui n’a rien à voir avec un laisser-aller. Le repos est cette attitude de la vie qui ressemble à une main paisiblement ouverte qui donne de goûter ce qu’une main crispée et avide ne saisit jamais. Se reposer est aussi une affaire de conversion contre une excessive crispation qui serre davantage les nœuds qu’elle voudrait défaire…
Dans ma manière d’évoquer le repos, je ne suis pas loin de la prière.
Prier, c’est se reposer c’est prendre une attitude juste à l’égard de Dieu, cette attitude où fondamentalement je ne suis pas ma propre œuvre, je ne suis pas à la force de mon bras, de mon travail de mon labeur, au point que tout dépendrait de moi, de nous, de nos œuvres. L’attitude où tout ne repose pas sur nous, parce que nous reposons sur le roc.
La prière nous était donnée comme le Sabbat, non pour occuper une part de notre temps, mais pour nous apprendre à vivre le temps. Le Sabbat dans l’écriture est signe et rappel de notre liberté, de notre libération gracieuse : « Tu te souviendras que tu as été esclave au pays d’Égypte, et que le Seigneur ton Dieu t’en a fait sortir à main forte et à bras étendu. C’est pourquoi le Seigneur ton Dieu t’a ordonné de célébrer le jour du sabbat ». Dt 5, 15.
Dans ce Sabbat, ce repos fait pour l’homme est en jeu notre capacité à vivre et recevoir le don gratuit et gracieux de Dieu qui nous suscite, nous sauve, nous rend libre, fait de nous des Fils.
Seigneur apprends nous à prier ! Seigneur apprends nous à nos reposer !
Cette règle de l’agir attribuée à Saint Ignace de Loyola peut nous y aider : « Agis en toute chose comme si tout dépendait de toi et rien de Dieu, pourtant mets y tout ton labeur comme si tout dépendait de Dieu et rien de toi ». Écho de la prière du psalmiste : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain ; si le Seigneur ne garde la ville, c’est en vain que veillent les gardes. En vain tu devances le jour, tu retardes le moment de ton repos, tu manges un pain de douleur : Dieu comble son bien-aimé quand il dort. » Ps 126
Bonnes vacances pour ceux qui peuvent en prendre et bon courage pour ceux qui n’en ont pas. A tous, je vous souhaite de pouvoir vous reposer un peu.
Fraternellement,

Michel Pansard
Évêque d’Evry-Corbeil-Essonnes

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