l'Évêque

Paroles de l'Évêque

Un sursaut d’humanité et de fraternité

Un sursaut d’humanité et de fraternité

Que retenir du voyage du pape François, les 22 et 23 septembre 2023 à Marseille, à l’occasion des troisièmes Rencontres méditerranéennes « Mosaïque d’espérance » ?

Les commentaires sont nombreux, des hommes et des femmes, journalistes, politiques et religieux, proposent leurs analyses, les uns les autres plus sensible à telle ou telle phrase choc, une image ou une ambiance. Vous trouverez sur ce site internet un récit de cette rencontre, avec des témoignages et des liens vers les paroles prononcées par le pape, dans une diversité de genres littéraires (méditation, discours, homélies) et de destinataires, avec comme horizon la Méditerranée où se « concentre les défis du monde entier comme en témoignent ses « cinq rives » » ; « qui offre une approche unique de la complexité, est un « miroir du monde » et porte en elle une vocation mondiale à la fraternité, vocation unique et unique voie pour prévenir et surmonter les conflits. »

J’ai eu la joie de participer vendredi et samedi à ces rencontres. Il est vrai que les images et les gestes parlent autant, sinon plus, que les mots. Que ce soit la prière à Notre-Dame de la Garde, avec le clergé de Marseille, l’acte de mémoire devant la stèle des migrants et marins péris en mer, avec des représentants d’autres traditions religieuses. Que ce soit l’image de la mer, du port et du phare, en conclusion des Rencontres méditerranéennes, ou la messe dans le Stade Vélodrome, la veille de la Journée mondiale des migrants instaurée en 1914 par le Pape Benoît XV.

François n’a pas manqué de rappeler qu’il s’inscrivait dans la suite de l’action de ses prédécesseurs. Il l’a fait avec sa touche, son histoire, ses convictions et la fidélité à l’Évangile. Il a rappelé avec force que ce qui est en jeu est un défi où se vérifie la vérité de notre humanité, la force de notre fraternité.

Plus que de migrations, le pape a parlé des personnes migrantes qui ne sont pas des numéros ou des dossiers de plus à traiter, mais des hommes et des femmes avec des noms, des histoires. Face aux personnes en danger de mort, il a appelé un sursaut d’humanité et de fraternité devant l’indifférence qui menace. On ne joue pas avec la vie. Et il y a des crimes contre la vie a rappelé avec force le cardinal Jean-Marc Aveline. On ne joue pas avec la vie. Le devoir d’assistance et de secours des personnes en danger que connaissent bien les marins est aussi une exigence de la loi de notre pays.

Le pape n’ignore pas les difficultés de l’accueil des personnes migrantes. Il rappelle qu’il ne s’agit pas d’une urgence momentanée, mais un fait de notre temps qui réclame « d’assurer, selon les possibilités de chacun, un grand nombre d’entrées légales et régulières, durables grâce à un accueil équitable de la part du continent européen, dans le cadre d’une collaboration avec les pays d’origine. » Il propose une manière d’aborder la question. Accueillis, accompagnés, promus et intégrés : tel est le style. Il est vrai qu’il n’est pas facile d’avoir ce style ou d’intégrer des personnes non attendues.

Parce que cela n’est pas facile, parce que cela demande des conversions de regards, des sorties de soi, des décisions personnelles et sociales au niveau des États et de l’Union européenne ; parce que des peurs nous paralysent et que l’indifférence nous menace, le pape François, dans la diversité de ses interventions, a fait appel à un grand ressort de conversion personnelle mais aussi sociale : la miséricorde, ce cœur attentif à ce qui fait mal aux autres.

Dans l’homélie prononcée lors de la messe au Stade Vélodrome, le pape nous a offert une méditation sur le « tressaillement » : « Être “touché à l’intérieur”, avoir un frémissement intérieur, sentir que quelque chose bouge dans notre cœur. C’est le contraire d’un cœur plat, froid, installé dans la vie tranquille, qui se blinde dans l’indifférence et devient imperméable, qui s’endurcit, insensible à toute chose et à tout le monde, même au tragique rejet de la vie humaine qui est aujourd’hui refusée à nombre de personnes qui émigrent, à nombre d’enfants qui ne sont pas encore nés, et à nombre de personnes âgées abandonnées. »

Ce n’est pas sans raison. Avez-vous remarqué que l’amour concret du prochain comme dans la parabole du bon samaritain a souvent cet humble début : être pris de pitié, être pris aux entrailles. Cette compassion ouvre des chemins, des initiatives, des capacités à faire du neuf pour relever le défi qui est devant nous. Combien d’initiative ont été prises tout au long de l’histoire parce que des hommes et des femmes ont tressailli devant les situations vécues par leurs frères et sœurs en humanité.

Notre diocèse, notre département, nos villes, nos communautés sont à l’image de Marseille ou de la Galilée des Nations. Et si chacun prenait le temps, dans le mois qui vient, de rencontrer et d’écouter l’histoire d’un frère ou d’une sœur en humanité qui a connu les chemins de la migration ou de l’exil. Et de percevoir ce qu’ils ont vécu ou non du style proposé par le pape François : Accueillir, accompagner, promouvoir et intégrer. Pour y puiser espérance et force.

Fraternellement

+ Michel Pansard – 27 septembre 2023

Actualités du Diocèse

La Newsletter