Aimée et connue dans tout le diocèse, Sr Cécilia Uzodike, malade depuis quelques années, est décédée vendredi 10 février 2023. La célébration de ses obsèques a eu lieu le vendredi 17 février en la cathédrale de la Résurrection. Celle-ci était pleine. Nous étions nombreux à nous être rassemblés autour d’elle pour lui manifester notre reconnaissance, pour tout ce qu’elle nous a donné, pour rendre grâce à Dieu et partager notre espérance. Sr Cécilia a été inhumé à Juilly (Seine-et-Marne) dans le caveau de sa congrégation.
Obsèques de Sœur Cécilia Uzodike – Homélie de Mgr Pansard
Frères et sœurs bien-aimés de Dieu !
Enfant de Dieu et disciple du Christ, sœur Cécilia s’était engagée dans la vie religieuse. Elle avait fait ce choix pour vivre de l’amour du Christ, le Seigneur de sa vie, au quotidien à l’égard de toute personne rencontrée et en toute circonstance.
Qui peut vivre cette aventure d’une manière parfaite ?
Ce qui importe, même si cela n’est pas encore pleinement manifesté, c’est ce que chacun d’entre nous donne à voir, c’est ce que Sœur Cécilia a donné à voir dans sa vie de cet amour du Christ qui nous a saisis.
Plus attentive aux autres qu’à elle-même. Deux jours avant de mourir, elle portait le souci du service de deux personnes avec qui elle partageait le repas alors qu’elle avait peu d’appétit. Je pense à la préoccupation qu’elle avait des personnes et des rencontres qu’elle devait vivre le jour de son décès alors qu’elle pensait à son absence éventuelle.
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Quelques témoignages lus lors de ses obsèques
ou envoyés par ses amis :
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TÉMOIGNAGE DE GÉRARD CUVELIER (Diacre)
J’étais en prison et vous êtes venus jusqu’à moi (Mt 25, 36)
Le dernier lieu de mission de Sœur Cécilia a été la Maison d’Arrêt de Fleury-Mérogis. Elle y aura été présente jusqu’au bout de ses forces, c’est ce qu’elle voulait.
Ces quelques mots, je les prononce au nom de l’équipe d’aumônerie dont elle faisait partie, de tous ceux aussi d’entre nous qui sont ici et ont participé à ce service ; au nom aussi des Sœurs de Marie-Joseph et de la Miséricorde qui vivent près de la maison d’arrêt des femmes et y travaillent.
Je me permets également de les prononcer au nom des personnels de Maison d’Arrêt. Certains ont tenu à être présents ici aujourd’hui. Grand merci à eux d’être là !
Et puis au nom des personnes détenues qui eux ne peuvent être là, ceux qui vivent leur foi chrétienne en détention, ceux qui la découvrent, qui découvrent le Christ, ceux qui attendent d’être écoutés, considérés. Beaucoup d’entre-eux pensent à nous et prient avec nous ce matin. Cela nous dit que l’Eglise est bien à Fleury.
Notre présence aux uns et aux autres ce matin, d’une manière ou d’une autre, dit ce que Sœur Cécilia a apporté à Fleury : une manière étonnante d’être présente, incroyable de facilité de contact, d’attention à chacun – personne détenue ou personnels -, chaleureuse, apportant de la joie, une bonne humeur spontanée dans un monde où on ne l’attendrait pas a priori.
Ces quelques mots viennent simplement témoigner de combien son départ touche beaucoup et profondément.
Chacun rend hommage à Sœur Cécilia et a surtout envie de dire merci.
Je termine par les mots de l’un des détenus qui m’ont écrit ces jours derniers (j’ai eu du mal à choisir parmi les témoignages reçus …), voici un extrait de la fin de sa lettre :
Chère Sœur Cécilia, le chagrin nous creuse le cœur à tous mais l’amour inconditionnel va au-delà de toutes les barrières humaines. Vous m’avez éclairé, vous nous avez éclairés – votre lumière demeure. Allez dans la Paix et dans la joie. Priez pour nous !
Et j’ajoute un mot de Luc avec qui Sœur Cécilia et moi faisions équipe.
Sois bénie à jamais, grande sœur dans le Christ.
Gérard Cuvelier, diacre
Coordinateur de l’aumônerie catholique
de la Maison d’Arrêt de Fleury-Mérogis
Paroles de personnes détenues
Sœur Cécilia va laisser un grand vide dans la vie du D1 à Fleury. Elle était à la fois une sœur mais aussi une mère pour nous tous, les détenus. Tout le monde la connaissait, tout le monde l’aimait.
Toujours disponible, toujours souriante, elle ne se plaignait jamais, ne parlait jamais de sa maladie. Sa foi l’a fait tenir et l’a accompagnée jusqu’aux derniers instants.
Aujourd’hui, elle a rejoint le Seigneur son ami et confident. Qu’il lui fasse une place particulière pour avoir consacrée une grande partie de sa vie à Dieu.
Quand je suis arrivé au D1, il y a deux ans, j’ai rencontré sœur Cécilia après avoir fait la demande de participer au groupe biblique et d’assister à la messe. La première fois que je l’ai vue, je me suis senti en confiance. J’avais en face de moi une personne gentille, calme, pleine de sagesse et d’humilité.
Sœur Cécilia, à titre personnel, vous allez me manquer. Vous allez manquer au groupe biblique, à tout le monde.
Merci ma sœur pour tout le soutien et le réconfort que vous m’avez apporté à moi comme à beaucoup de personnes qui cherchaient le chemin de la foi.
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Chère sœur Cécilia
Que Dieu vous bénisse et vous accueille dans son immense gloire. Que la paix soit avec vous.
Nous ne nous quittons pas, nous vivons différemment.
… Vous êtes auprès de tous ceux et toutes celles, vivants ou défunts, qui vous aiment, qui vous entourent, de ceux et celles aussi qui ne savent pas encore combien ils sont aimés de Dieu.
Ce n’est qu’un au revoir, chère Sœur Cécilia. Le chagrin nous creuse le cœur à tous, mais l’amour inconditionnel va au-delà de toutes nos barrières humaines.
Vous m’avez éclairé, vous nous avez éclairés. Votre lumière demeure et vous continuez de nous éclairer. Allez dans la Paix et la Joie.
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Chère madame Cécilia.
Vous êtes retournée à la maison du Père et je vous écris quelques mots, les choses que je n’ai pas pu vous dire ici… Je suis sûr que vous lisez mes lignes … on n’a pas eu trop le temps de se connaître, mais on s’est croisé dans les couloirs, à la messe, on a parlé un peu. Vous êtes venue en hiver par temps glacial et l’été par temps de canicule. Ça m’a impressionné. Votre énergie, votre endurance aussi. Si je vous demandais « la santé ça va ? » La réponse était toujours la même « oui ça va ! » avec un grand sourire et tout de suite : « Et vous, vous avez des nouvelles des enfants ? ». Malgré votre maladie vous avez plus pensé à l’autre qu’à vous-même. Ça m’a impressionné !
Souvent, après nos rencontres, je me demandais : « Madame Cécilia, elle prend son énergie où ? ». Vous avez laissé la lumière chez tous ici ! …..
Je ne vous croiserai plus dans les couloirs, ça me rend triste, un sentiment de vide …
De vos pépins de santé, Dieu a dit : « C’est maintenant Cécilia, repose-toi ! Tu l’as bien mérité »
Je veux vous dire merci pour vos visites, votre présence, votre gentillesse, votre encouragement, ça restera inoubliable !
N’oubliez pas de prier pour nous, on en a vraiment besoin. Un grand merci pour tout madame Cécilia, … on se reverra dans la présence du Père, de la Lumière, un jour.
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Il est rare de nos jours de rencontrer des gens comme vous qui venez nous rencontrer en prison, au service de Dieu comme sœur en Christ, apportant soutien physique et morale.
Le 2 Février fut le jour où elle ferma pour la dernière fois la porte de ma cellule.
Je ne peux exprimer mon ressenti à travers des mots mais, comme nous apprend Jésus en Jean 11,25 « Celui qui relève de la mort c’est moi, la vie c’est moi, celui qui croit en moi aura la vie même s’il meurt. »
Grand merci pour tout. Reposez en paix.
TÉMOIGNAGE DE LA COMMUNAUTÉ DE SŒURS DE SAINT LOUIS
Sœur Cécilia Uzodike était membre de la Communauté des sœurs de Saint-Louis, à Grigny (Essonne). Le jour où elle est décédée, elle devait rencontrer son médecin en fin de matinée, mais Dieu en a décidé autrement. Elle est partie dans son sommeil, paisiblement, au petit matin.
Elle a vécu à Evry-Courcouronnes, à Etampes puis à Grigny. On se souviendra d’elle dans tous ces lieux, pour sa capacité à prendre soin de l’autre, pour sa présence de qualité auprès de nombreuses familles et des personnes dans le besoin.
Elle a noué de très belles relations d’amitié et de fraternité avec toutes les personnes qu’elle a rencontrées dans son travail, dans son engagement associatif, dans le quartier et dans ses visites. Elle a toujours vu dans la rencontre avec l’autre un lieu de témoignage de sa foi.
Que sa douce âme repose dans la paix et l’étreinte aimante de Dieu.
Amen.
Sœur Chinyere OKPARA,
membre de sa communauté
TÉMOIGNAGE DE FRÉDÉRIC GATINEAU (Prêtre)
Depuis vendredi je suis triste car, comme beaucoup, j’ai perdu un précieux repère dans ma vie et dans ma foi. Originaire du Nigéria, Sr Cécilia était depuis 1991 une figure de notre Église diocésaine. À Évry, à Étampes, à Grigny, elle a aimé l’Essonne et les Essonniens. D’une intelligence très fine, elle comprenait vite les situations et les personnes. Elle était toujours de très bon conseil. À la pastorale de la santé, au service des religieuses du diocèse, à la prison de Fleury-Mérogis, partout elle a exercé ses responsabilités diocésaines avec beaucoup d’humanité. Elle savait rassembler et encourager car elle était habitée par l’espérance.
Permettez-moi de vous raconter un petit souvenir vécu avec Cecilia. C’était en novembre 2005, durant les émeutes qui ont enflammé nos banlieues pendant plusieurs semaines. Cécilia était arrivée à Étampes l’année précédente, j’y étais depuis sept ans. Des dizaines de voitures et un bureau de tabac avaient déjà flambé à Guinette. Ce soir-là, j’apprends qu’il y a encore du grabuge dans le quartier, je sais que Cécilia y habite seule et j’avoue que j’ai aussi un peu peur pour la chapelle : elle est en bois et si facile à incendier… Je prends donc mon vélo et je monte à Guinette. Il faut faire un grand détour car l’avenue Geoffroy Saint-Hilaire est complètement bouchée par la police. Cécilia est là, dans la rue, devant la chapelle. Elle est seule. Elle n’est pas du genre à se calfeutrer dans son appartement. Je la rejoins. La scène est impressionnante et se déroule à quelques mètres.
Des dizaines de policiers renforcés par des hommes de la BAC, avec boucliers, matraques et grenades, sont clairement en formation d’assaut. Face à eux, juste au pied des immeubles il n’y a pas seulement quelques jeunes, mais tous les jeunes de la cité. Ils sont au moins 200. Certains sont très jeunes, ils viennent des Fleurettes et des « bâtiments rouges ». Nous en reconnaissons quelques uns (il y a même parmi eux des servants d’autel !). Des pierres commencent à voler. Que faut-il faire ? Que faut-il ne pas faire ? Tout peut très mal tourner. Je ne suis pas du tout rassuré. Cécilia, elle, n’a pas peur. Son aplomb me donne le courage de rester. Pendant des heures, nous essayons de parler aux uns et aux autres, nous bredouillons des prières … Cécilia a vraiment un savoir-faire étonnant. Finalement l’hélicoptère de la police avec son puissant projecteur, mais surtout les mamans du quartier vont faire remonter les enfants un à un et il n’y aura pas d’affrontement à Guinette. Ce soir-là, grâce à cette religieuse de choc, hors norme, j’en ai beaucoup appris sur l’Évangile.
Cécilia, ton sourire bienveillant et ton accent indéfinissable vont terriblement nous manquer. Merci à toi et merci au Seigneur de t’avoir conduite sur les routes de l’Essonne et de nous avoir permis de te connaître puis de cheminer en ta compagnie, avec le Christ. A-Dieu Cécilia et merci pour le don de ta vie !
Frédéric Gatineau,
responsable du secteur pastoral de Corbeil-Saint-Germain
Sœur Cécilia est née le 2 octobre 1956 à Okitipupa (Nigeria).
Dans notre diocèse Sœur Cécilia a été
- 1992 – Animatrice permanente en pastorale, au secteur pastoral d’Évry
- 1997 – Déléguée diocésaine à la Pastorale de la Santé
- 2004 – Animatrice permanente en pastorale au secteur pastoral d’Étampes / Saint-Michel de Beauce, pour la Communauté de Guinette
- 2009 – Déléguée épiscopale pour la Vie Religieuse dans le diocèse,
Membre du Conseil Diocésain de la Vie Consacrée
Membre du Conseil de l’Évêque - 2015 – Au secteur pastoral de Ris-Orangis – Grigny
- 2018 – Aumônier à la Maison d’Arrêt de Fleury-Mérogis